En tant que coach de vie exerçant depuis 2018, j’ai régulièrement l’occasion de répondre à des enquêtes menées autour de mon métier. En effet, cette pratique professionnelle, non réglementée par l’Etat, reste encore très floue en France. A travers cet article, j’ai donc souhaité partager mon expérience professionnelle en compilant les questions qui reviennent le plus souvent lors des interviews.
J’espère que mes réponses pourront éclairer les personnes se trouvant sur le chemin de ce métier.
I. Qu’est-ce que le métier de coach de vie ?
Doit-on faire un travail sur soi-même avant de pouvoir se projeter coach de vie ? Notamment savoir gérer ses émotions, sa sensibilité.
Je suis ravie que vous mettiez ce point tout en haut de votre liste de questions, car il est selon moi LE point le plus important. En effet, effectuer un travail thérapeutique (quelle qu’en soi la forme : psychothérapie, psychanalyse, thérapie systémique en collectif, etc.) est primordial pour deux raisons.
D’abord pour s’assurer d’être pleinement conscient de ce qui vous touche en tant qu’être humain et qui peut donc avoir des répercussions sur votre posture de coach. Nous sommes sans cesse, et malgré nous, dans nos interactions sociales, en train d’appuyer sur des boutons qui vont déclencher des émotions plus ou moins intenses en fonction de notre éducation, de notre histoire, de nos expériences de vie, de notre sensibilité, etc. Plus vous serez conscient de ce qui se passe pour vous, plus vous serez en mesure de protéger vos futurs coachés de vos projections personnelles. Et cela est vrai pour tout être humain, il n’y a aucun complexe à avoir.
Ensuite, pour être soutenu lorsqu’arrivent, immanquablement, des séances difficiles. Cela me parait indispensable d’avoir un espace pour se décharger.
Quelle est la différence entre un psychologue et un coach de vie ? S’agit-il d’une différence en termes de méthode de travail ou de thématiques abordées ?
Le coaching se concentre sur les blocages et les plans d’action pour atteindre un objectif clairement défini. Pour qu’il y ait un coaching il faut donc un projet et un objectif à atteindre. Le coaching est orienté vers l’avenir et la projection et non vers le passé. La psychothérapie, elle, repose sur l’accompagnement de personnes souffrant de problèmes psychologiques.
Ces deux types d’accompagnement peuvent être conduits en parallèle pour le développement d’une personne. La première voie consistera à mieux comprendre les modes de fonctionnement de la personne. La seconde permettra, très concrètement, au coaché de mettre en place des actions pour réaliser son projet.
Domaines d’intervention du coaching
Devenir coach de vie, diriez-vous que cela peut déjà exister en nous, selon notre personnalité, notre perception face au monde, notre sensibilité ?
Oui je pense qu’être coach implique de mobiliser beaucoup de qualités humaines, relationnelles et même cognitives (intellectuelles) que nous pouvons avoir développées depuis la petite enfance et qui sont devenues, au fil du temps et des expériences, des qualités dites « naturelles » car bien ancrées dans nos fonctionnements. Toutefois, la formation me semble être indispensable pour être équipé d’outils d’intervention efficaces dans le coaching et maintenir la posture de coach, autrement dit la posture professionnelle.
D’après vous, quelles sont les qualités primordiales d’un bon coach de vie ?
Le professionnalisme, l’écoute, la bienveillance, une sérénité intérieure et un amour-propre juste (ni trop ni trop peu) ainsi que de savoir rester à sa place. Le coaching, n’est pas du « mentoring », ce n’est donc pas du tout une posture de conseil. La personne en face de moi sait mieux que moi ce dont elle a besoin, en tant que coach, je suis là pour lui faire prendre conscience qu’elle a les solutions, il s’agit juste de l’accompagner dans leur mise en place.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive.
II. Est-il nécessaire de se former pour pratiquer le métier de coach de vie ? Pourquoi et comment ?
Devenir coach de vie sans formation préalable, est-ce plutôt prendre un risque ?
Le métier de coach n’est pas reconnu par l’Etat français, il n’est donc pas régulé actuellement, ce qui signifie que concrètement et légalement chacun peut faire ce qu’il veut.
Toutefois, je vous garantis que plus je l’exerce, plus je me rends compte à quel point c’est un métier, une posture à adopter, des outils à utiliser et à maîtriser. Je pense qu’il faut voir la formation non pas comme une contrainte mais comme une sécurité pour assurer sa pratique. En ayant des outils et une posture, vous pourrez agir en pleine conscience et donc en pleine puissance dans votre accompagnement car cela vous assurera d’être juste dans votre intervention.
La formation permet aussi de rassurer les personnes avec lesquelles vous allez collaborer (entreprise ou particulier) de la solidité de votre posture et de votre accompagnement.
Existe-t-il des formations qualitatives et surtout sérieuses pour devenir coach de vie ?
C’est important de prendre le temps de bien choisir son école et c’est une étape qui peut s’avérer très fastidieuse. Il existe énormément d’école de formation au métier de coach, prenez le temps de vous renseigner, de rencontrer les responsables pédagogiques, de vous rendre à des journées/soirées portes ouvertes, de discuter avec des anciens élèves. Choisir son école de coaching c’est aussi choisir la philosophie et l’éthique qui vont vous inspirer dans l’exercice de votre métier. Les méthodes d’apprentissage sont aussi importantes, je recommande vivement de choisir une formation qui mêlera théorie et pratique au maximum, sans oublier le contact humain. Les formations 100% en ligne me paraissent loin de la pratique du métier qui parle avant tout de la relation à l’autre. Pour se sentir le plus prêt possible à exercer à la fin de sa formation, il me semble indispensable d’avoir pu aller à la rencontre de soi et de l’autre durant cette période d’apprentissage.
Plus précisément, en ce qui me concerne, j’ai cherché une formation avec une reconnaissance de l’Etat c’est-à-dire avec le tampon RNCP, puis une caution supplémentaire de l’une des grandes Associations de Coachs (Européenne – EMCC ou internationale – ICF).
Par ailleurs, je souhaitais en termes de pédagogie avoir beaucoup de cas pratiques ainsi qu’une orientation humaniste et non Executive Coaching à l’américaine.
A l’époque, je l’ai trouvé à l’Académie du Coaching.
III. Comment s’exerce le métier de coach en développement personnel ?
Quelles sont les activités et les tâches principales du métier ainsi que les responsabilités à assumer dans le poste ?
En dehors des tâches administratives, de la gestion de RDV ainsi que du site internet et de la comptabilité de mon entreprise, mon métier consiste à accompagner des personnes en séance de coaching régulière avec comme objectif d’atteindre le but qu’elles se sont fixées.
Les responsabilités de coach sont :
– Son engagement envers son client
– Le respect du cadre
– L’absence d’injonction et même de conseil, c’est le client qui décide pour lui-même, le coach n’est pas là pour l’influencer mais pour aider dans le cheminement de pensées à savoir ce que la personne souhaite faire et comment le mettre en place.
En savoir plus sur la Déontologie du coach
Ensuite en tant que chef d’entreprise, les responsabilités sont principalement financières auprès de l’administration.
Quelles sont les activités occasionnelles de ce métier ?
Je n’en ai pas beaucoup car je suis très attachée au coaching en séance individuelle. Je peux donc à l’occasion être interviewée (TV, magazine, conférence) mais ça reste rare et c’est un choix très personnel. Certains coachs font aussi de la formation et interviennent en entreprise en coaching individuel, coaching d’équipe, etc.
Quelles sont les conditions d’exercice (horaires, lieu, relations de travail, statut) du métier ?
Tout est libre, c’est vous qui décidez de vos conditions de travail c’est l’avantage d’être indépendant. De mon côté, je travaille du lundi au vendredi, au rythme de 4 séances d’1h par jour maximum qui se déroulent en Visio ou à mon cabinet dans le 3e arrondissement de Paris. Au delà de 4 séances il est très difficile d’avoir une écoute de qualité.
Le reste du temps est dédié à mon propre travail thérapeutique, la supervision que je suis, les formations auxquelles je peux assister pour continuer à me développer dans ma pratique et la gestion courante de mon entreprise. J’écris aussi régulièrement des articles pour le site internet.
Pour le statut également, c’est vous qui choisissez micro-entreprise, Entreprise Individuelle (EI), EURL et SASU. Au démarrage, le statut de micro-entrepreneur peut suffire.
En moyenne, combien dure une séance ? Et plus généralement, combien de temps dure un coaching ? Cela dépend-il de la problématique du coaché ? Doit-on se limiter à un nombre maximum de séances ?
Les séances durent 1h, en ce qui me concerne, en moyenne, la durée d’un coaching est d’un an mais cela dépend de la problématique et du rythme de chaque coaché. Le coaching s’arrête lorsque l’objectif est atteint. Tout cela vous le verrez justement dans une formation : comment on ouvre un coaching, comment on maintient le processus de travail, quelles sont les problématiques sur lesquelles on peut intervenir et jusqu’où, etc. Et enfin, comment on clôture un coaching, la séparation est une étape essentielle.
Un coach de vie peut-il se spécialiser dans certains domaines ? Par exemple, les enfants, les couple, etc.
Oui vous pouvez de mon côté je me suis spécialisée dans l’accompagnement des Haut Potentiel Intellectuel et dans le développement de l’Intelligence émotionnelle. Vous avez d’autres coachs qui ont une approche liée à la méditation d’autres à la Gestalt. Les différences et donc les spécialités vont surtout se dessiner autour d’outils de coaching.
Je mettrais simplement un bémol dans l’accompagnement des enfants car ils sont en pleine construction de leur personnalité avec des enjeux psychologiques importants. Cela dépendra donc de votre zone d’intervention auprès des enfants, mais dans l’absolu je laisserais cela à un psychologue.
Quelles sont les contraintes, les risques et les inconvénients de ce métier ?
Le premier challenge est de trouver des clients, comme dans tous les métiers d’indépendants, sinon il n’existe aucun inconvénient selon moi. Mon statut me permet de décider de tout : horaires, conditions de travail, etc.
Ensuite, le risque principal, pour un coach, est de confondre la problématique du coaché avec sa propre histoire de vie. C’est pourquoi je suis convaincue qu’un travail thérapeutique et une supervision sont indispensables (comme je l’ai dit plus haut), cela dès le premier rendez-vous.
A noter qu’il est aussi important de continuer à se former en permanence, mais je ne dirai pas que c’est une contrainte mais plutôt un plaisir.
Quels sont les avantages de ce métier ?
La liberté liée au statut d’indépendant. Le sens lié à l’activité d’être coach. Accompagner des personnes dans la réalisation de leur projet est pour moi un immense honneur et un grand privilège.
IV. Quels sont les débouchés du métier de coach de vie ?
Quelles sont les compétences, les qualités requises ou l’expérience préalable demandées par les recruteurs ?
Le professionnalisme, l’écoute, la bienveillance, une sérénité intérieure et un amour-propre juste (ni trop ni trop peu), savoir rester à sa place (ce n’est pas une posture de conseil, le coaché sait toujours mieux que moi ce dont il a besoin, je suis là pour lui faire prendre conscience qu’il a les solutions et l’accompagner dans leurs mises en place).
Pour pouvoir se faire connaître, le démarchage est-il le bienvenu ? Se créer un site internet par exemple ?
Un site internet me semble essentiel car si quelqu’un parle de vous à quelqu’un d’autre, cette autre personne va avoir le réflexe de vous chercher en tant que professionnel sur Google. Si vous y êtes, c’est mieux. Cela étant dit, avoir un site ne suffit pas. Il faut avoir du trafic dessus c’est-à-dire un bon référencement naturel (SEO) voire des publicités payantes (SEA). Il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels du métier : graphiste, développeur informatique, intégrateur, responsable de trafic, etc.
Il faut bien avoir en tête qu’avoir un site internet sans trafic c’est comme avoir une boutique dans un endroit où il n’y a aucun passage.
Quel est le niveau de rémunération d’un coach de vie ?
Pour un débutant : tout est à construire on part de zéro il faut développer sa clientèle.
Pour une personne expérimentée :
Il existe une règle assez générale sur l’entreprenariat qui se confirme régulièrement : en moyenne lorsqu’on lance une activité en tant qu’indépendant (sans levée de fonds bien sûr et peu importe le métier, hors secteur médical), on dit qu’il faut compter 3 ans avant de pouvoir gagner correctement sa vie.
De mon côté, c’est aller un peu plus vite, seulement 2 ans, grâce notamment à l’émission à laquelle j’ai été invitée sur Canal+ qui a été un accélérateur dans le développement de mon activité de coach. Aujourd’hui je gagne mieux ma vie que lorsque j’étais Responsable Marketing.
Le chiffre d’affaires annuel d’un coach confirmé se situe dans une fourchette de 60-120K. Mais attention il s’agit ici non pas d’un salaire mais d’un chiffre d’affaires il faut à cela retirer les charges et les cotisations soit entre 50 et 60%. Si vous décidez d’intervenir en entreprise votre rémunération sera supérieure. Notamment vous pourrez facturer la TVA en supplément. Auprès des particuliers cela est plus compliqué donc sur le tarif que j’applique actuellement il faut compter qu’à chaque séance je reverse déjà 20% de TVA à l’administration fiscale.
Pour résumer, on peut très bien gagner sa vie en étant coach, de mon côté, j’ai choisi d’accompagner uniquement des particuliers que je ne peux décemment pas facturer comme les entreprises. À activité égale, en tant que coach de vie, mon chiffre d’affaires est donc plus bas qu’un coach professionnel.
Quelles sont les perspectives d’emploi actuelles dans ce secteur, l’avenir du métier ?
Je vis un peu en dehors du marché du coaching car la majorité des coachs que je connais travaillent en entreprise. Or avec le COVID, les budgets ont largement été réduits; certains s’en sortent très bien, d’autres sont en difficultés. Ce qui est certain, c’est que la santé mentale des salariés, depuis les différents confinements, s’est significativement dégradée. La quête de sens dans une activité professionnelle, la recherche d’un accomplissement personnel profond ainsi que la disparition progressive de la sécurité qu’offrait jusque-là le CDI deviennent des préoccupations majeures pour les uns et les autres et le coaching peut s’avérer très puissant pour répondre à ces besoins.
Concernant le marché du coaching de vie, je reçois des demandes presque tous les jours. Des besoins il y en a, toutes les demandes ne se concrétisent évidemment pas car un coaching demande beaucoup d’investissement : énergie, finances et temps, et il faut que ce soit le bon moment.
V. Autres questions
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis diplômée d’un Master de l’Université Paris Dauphine-PSL en Marketing. J’ai travaillé ensuite 8 ans au sein de cinq entreprises différentes avant d’entamer ma reconversion professionnelle en 2015. J’ai alors suivi une première formation sur les Fondamentaux du Coaching puis j’ai poursuivi avec une formation de Praticien Coach sous la direction de François Souweine à l’Académie du Coaching. Enfin, je me suis lancée à mon compte en février 2018 et m’y consacre à 100%.
Quels conseils pouvez-vous donner pour réussir dans ce métier ?
S’écouter, garder son optimisme si l’on sent que le coaching est notre véritable place, et de se donner les moyens de la réussite en investissant notamment financièrement (site internet et local professionnel par exemple). Le plus important est d’avoir du temps devant pour soi pour se poser les bonnes questions sur l’accompagnement que l’on souhaite proposer, douter, tester, ajuster son projet, et ainsi pouvoir faire le nécessaire pour que l’activité décolle en multipliant les rencontres et les tentatives de développement.