Empathie – Règle d’or : Se mettre à la place de l’Autre oui mais jamais au détriment de soi-même.
L’Empathie, c’est quoi ? | Pourquoi la développer ? | Comment la développer ? | Et vous, où en êtes-vous ?
L’Empathie on l’entend partout ! Que ce soit lors des entretiens annuels en entreprise ou dans les cabinets de psychologue lors de thérapie de couple, il est devenu impossible de passer à côté.
Véritable mot magique dans les entreprises pour accéder au titre de manager, elle prend plutôt la forme de revendication au sein des couples : “Ma compagne / Mon compagnon n’a aucune empathie, elle / il, se moque de ce que je ressens et je ne le supporte plus”.
Cependant, force est de constater, que généralement les personnes qui ont une forte empathie le vivent davantage comme un défaut qu’une qualité. Alors, pourquoi cette qualité semble si essentielle dans nos rapports aux autres qu’ils soient privés ou professionnels ? Pourquoi les managers sont-ils sommés de la développer pour espérer monter les échelons de la hiérarchie ? Et comment, en même temps, peut-elle être si lourde à porter ?
Au programme de cet article :
– En pratique, l’Empathie, c’est quoi ?
– Pourquoi développer cette compétence de l’Intelligence émotionnelle ?
– Comment développer une empathie apaisée ?
– Et vous, où en êtes-vous ?
En pratique l’Empathie, c’est quoi ?
Empatheia signifie, en grec, ressentir de l’intérieur.
L’Empathie consiste à reconnaître, comprendre et prendre en compte les sentiments et émotions des autres. Elle implique donc d’être capable d’exprimer sa compréhension d’un point de vue différent du vôtre, et de vous comporter de façon respectueuse et sans jugement envers les sentiments des autres.
En lisant cette définition, nous comprenons bien la valeur de cette qualité, qui apparaît comme indispensable dans la relation à l’autre. En effet, si je ne prends pas en considération ce qu’il se passe émotionnellement dans le cœur et le ventre de la personne avec laquelle je souhaite être en lien, y a-t-il réellement une relation ou simplement un contact entre nous ?
Marine et Medhi expriment la même difficulté en séance de coaching, ils ont l’impression d’être de véritables éponges qui absorbent l’ensemble des émotions des autres, et souffrent évidemment principalement des émotions que l’on dit “négatives”.
Ils ne savent plus quoi faire avec ce fardeau : “Mon empathie me fait souffrir”, “L’empathie, une qualité ? Vous plaisantez ?! C’est tout sauf une qualité, encore moins un cadeau”.
Pour avancer dans la vie, chacun d’eux, a développé, depuis l’enfance, des mécanismes de protection vis-à-vis de ce phénomène qui les envahit régulièrement.
L’un décide d’être le moins possible en interaction avec les autres, lorsque le second décide de faire comme si de “rien n’était”; le fameux “Moi ? Même pas mal !”.
Coincés dans leurs retranchements, pour leur entourage, Marine est une femme introvertie voire renfermée, elle-même se pense “trop sensible, trop fragile”. Mehdi, lui, est considéré comme une personne “sans cœur qui trace sa route sans se préoccuper des autres”.
Dans les deux cas, l’image renvoyée est loin d’être la réalité de ce que ressentent les protagonistes et surtout loin de l’expression de leurs merveilleuses qualités d’empathie.
J’attire votre attention sur un élément essentiel et souvent l’objet d’une erreur de compréhension fondamentale. La clé de la souffrance de Marine et Medhi n’est pas d’avoir une empathie trop forte mais d’avoir ce que l’on appelle en Intelligence émotionnelle une Indépendance émotionnelle peu développée. Ce déséquilibre entre ces deux compétences de l’Intelligence émotionnelle est très fréquent dans notre société.
(Voir le résultat de QE complet)
Pour être plus claire, l’Indépendance Émotionnelle correspond à la capacité à rester autodirigé et libre de toute dépendance émotionnelle de la part des autres. La prise de décision, la planification et les tâches quotidiennes sont achevées de façon autonome. Autrement dit, cette qualité consiste à être capable de mettre de la distance entre ce que l’autre vit et ressent et ce que nous-mêmes nous vivons et ressentons.
Ce qui crée le phénomène d’éponge dont souffrent Marine et Medhi c’est bien de ne pas réussir à prendre de la distance vis à vis des émotions des autres, de se laisser “submerger” par elles. Un juste équilibre entre ces compétences transformerait leur éponge en une bonne paire de baskets : “Je suis capable de me mettre dans les baskets de l’Autre mais sans ses ampoules”. Ils seront alors capables de se connecter à ce que l’Autre ressent, et le prendre en considération sans pour autant avoir mal à sa place.
Si l’on poursuit notre explication avec une autre image voici ce que cela donne. Imaginez une personne tombée d’un bateau dans une mer très agitée qui appelle à l’aide. Et une seconde qui est au sec sur le bateau. S’il y a un déséquilibre entre une Empathie forte et une Indépendance basse, cela pourrait se manifester de la manière suivante. Le second, souhaitant aider son camarade, va volontairement sauter dans l’eau au risque que les deux acolytes se noient. Au contraire, un bon équilibre entre une Empathie et une Indépendance émotionnelle, toutes les deux bien développées, permettrait au second, qui se trouve sur le bateau, de rester d’aller chercher une bouée, ainsi qu’une corde pour aider le nageur à remonter lui-même à bord.
Lorsque l’on souhaite aider quelqu’un que l’on aime, il faut en priorité s’assurer que l’on reste nous-mêmes bien au sec sinon nous risquons de plonger avec lui et de couler ensemble …
L’empathie, c’est rejoindre l’autre dans ses émotions sans s’en sentir responsable, dans ses besoins sans chercher à les prendre en charge. Thomas d’Ansembourg
POURQUOI DÉVELOPPER L’EMPATHIE ?
Mettez-vous à la place des autres. Si vous y arrivez, vous ne serez plus capable de faire du mal à autrui. Bouddha
L’empathie est la qualité par excellence qui nous permet de vivre ensemble. C’est elle qui nous connecte les uns aux autres, non pas par la tête mais par le cœur.
De tête à tête, nous pouvons toujours débattre. Est-ce que je suis d’accord ? Cela rentre-t-il dans mon système de pensées ? Est-ce cohérent avec ce en quoi je crois ? Etc. De cœur à cœur, il n’y a rien à débattre. Ce que l’on ressent n’a pas à être justifié, ou argumenté, c’est là.
Nous sommes liés à une personne parce qu’elle nous touche, parce que nous partageons des choses en commun, en résumé parce que c’est avant tout une histoire d’émotions. Et c’est justement grâce à cette qualité que nous sommes en mesure de nous lier les uns aux autres.
Le saviez-vous ? La théorie de la domestication démontre que les chiens auraient développé au fil de l’évolution de leur espèce, deux muscles au niveau des yeux, leur permettant d’adopter, au besoin, un regard ravageur dont l’impact sur notre cœur est immédiat. Il s’agit du regard du “chien battu” que le studio Pixar a très bien su reprendre avec son célèbre Chat Potté dans le dessin animé Shrek. Grâce à ce regard attendrissant, contrairement à son ancêtre le loup qui a été chassé sans relâche, le chien a rejoint nos foyers au coin du feu, pour trouver une place à part, privilégiée, dans la vie de l’Homme moderne.
L’empathie est un super-pouvoir de compréhension du monde et des autres.
Elle nous permet de reconnaître particulièrement bien la dimension d’Intelligence dans la notion d’Intelligence émotionnelle. Comprendre l’Autre, ce dont il a besoin, ce qu’il désire, ce qui compte pour lui est évidemment extrêmement puissant pour avancer ensemble notamment en management.
En effet, un manager capable de comprendre ses équipes pourra les emmener très loin aussi bien dans le développement individuel de chacun que dans celui de l’équipe au global. Au contraire, celui qui veut faire la sourde oreille risque de se retrouver très vite confronté à l’échec lorsqu’il s’agira d’embarquer ses collaborateurs dans un projet dont il est le seul à se soucier.
Dans notre vie ensemble, nous avons parfois des choses à nous dire qui ne sont ni faciles à dire, ni faciles à entendre. Là encore l’empathie est un outil de communication primordial. Elle permet de penser sa communication pour être au plus juste dans le discours. Choisir le bon moment et les bons mots est essentiel pour que notre point de vue soit le plus audible pour l’Autre. Or, cela est possible uniquement si l’on arrive à se mettre à sa place.
Enfin, cette qualité se transforme en compétence lorsqu’elle nous aide à anticiper les situations à venir et les enjeux/conséquences pour les uns et les autres. Elle nous ouvre aux preuves d’attention et de délicatesse dans nos rapports aux autres.
Toutefois il faut être vigilant à ne pas présupposer en permanence ce que l’Autre pourrait ressentir au risque de tomber à côté. Pour reprendre le livre Les Quatre Accords Toltèques “Ne faites aucune supposition”. J’ajouterai à cela : Posez des questions ! Dans une telle situation, qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? Que ressens-tu ? De quoi as-tu besoin ?
COMMENT DÉVELOPPER UNE EMPATHIE APAISÉE ?
- Se débarrasser de la responsabilité et de la culpabilité. Nous nous sentons souvent très responsables de ce que l’Autre ressent. Véritable travers de l’éducation “Regarde ce que tu lui as fait, il pleure à cause de toi, tu n’es pas gentil(le)”, accentué par le sentiment de l’enfant qui pense que tout est toujours de sa faute; si j’exprime à l’Autre un désaccord, un autre point de vue, ou ma tristesse vis à vis d’un événement de ma vie et que cela provoque en lui des émotions désagréables alors je deviens responsable de sa douleur. Ce qui est incorrect. Nous ne sommes pas responsables de la façon dont l’Autre ressent les événements.
Notre responsabilité à chacun est de s’assurer de ne pas volontairement causer du tort et de la douleur à d’autres personnes, mais ceci vérifié, exprimer ce que l’on ressent n’est en rien une attaque contre l’Autre. Pour s’en rendre compte, vous pourriez raconter la même histoire vous concernant à l’ensemble de vos proches et avoir autant de réactions différentes qu’il y a d’interlocuteurs. Nous pourrions aussi faire l’exercice devant une assemblée d’inconnus. Vous racontez la même histoire devant 200 personnes, si nous interrogeons ensuite ces 200 personnes pour savoir ce qu’elles ont vus, entendus, ressentis de votre discours, vous n’aurez jamais le même récit, des éléments en commun certainement mais jamais exactement le même récit. Pourquoi ? Car la façon dont nous ressentons les choses est directement liée à notre construction et à notre système de croyances.
Celui-ci a pris racine dans notre éducation, et s’est alimenté tout au long de notre vie à travers la société dans laquelle on vit, notre sensibilité, nos expériences de vie, etc. Sur cette terre, chaque personne est unique, son système de croyances aussi, sa façon de voir le monde et de le ressentir tout autant.
Être sensible à ce que l’Autre ressent et vit : oui. Se sentir coupable de sa douleur si l’on n’a rien fait pour la générer, excepté exister dans la bienveillance : non.
- Se réconcilier avec ses propres émotions en développant son Intelligence Emotionnelle. Nous sommes souvent mal à l’aise avec les émotions que nous ressentons en nous mettant à la place de l’Autre simplement car nous sommes mal à l’aise avec la gestion de nos propres émotions. Par exemple, si vous voyez quelqu’un de triste, et que ça vous rend vous-même triste, sans savoir quoi faire de cette tristesse, alors c’est cet inconfort le problème. Si dans votre vie, vous essayez au quotidien d’éviter de ressentir des émotions désagréables, dans les relations humaines cela va être très contraignant car vous n’avez pas la main, dit autrement le contrôle, sur ce que l’Autre ressent. Vous ne pourrez donc pas empêcher les émotions que votre proche ressentira et par la même vous aurez des difficultés à éviter de ressentir ses propres émotions. Dans un tel cas de figure, par prévention, nous risquons d’être dans l’évitement comme Marine et Medhi le sont.
Plus vous saurez paisiblement faire face à vos propres émotions, moins vous aurez peur d’en ressentir. Vous aurez alors moins peur des émotions des Autres et donc moins peur d’être en relation avec l’Autre de façon entière et authentique.
- Travailler son Indépendance émotionnelle afin de développer des relations humaines mutuellement satisfaisantes. Comme vu dans la première partie, méfiez-vous de cette confusion entre empathie et indépendance émotionnelle. L’objectif de l’empathie n’est pas de répartir la douleur sur deux personnes pour qu’elle soit plus légère pour la personne qui la vit initialement. Ce serait illusoire car techniquement infaisable. Chacun est responsable de la prise en charge de ses émotions et de ses besoins. Nous avons beau aimer de tout notre coeur une personne, nous ne pourrons jamais faire à sa place mais simplement être présent, soutenir, rire de nos erreurs ou se réconforter mutuellement lorsque la peine est là.
Vous l’aurez donc compris prendre en compte les sentiments des autres ne veut pas dire, mettre les siens de côté, ni disparaître au profit de l’Autre. Il s’agit de composer entre les besoins de chacun comme nous pourrions le faire avec une équation mathématique.
A + B = C
A : besoins de l’Autre
B : mes Besoins
C : Création d’une nouvelle solution
La clé de la relation se trouve ici. La solution de notre fonctionnement à deux sera ni A (la solution de l’Autre) ni B (ma solution) mais C une nouvelle solution qui prendra en considération les besoins des deux personnes. L’intelligence relationnelle aura alors besoin qu’entre en scène une bonne intelligence cognitive nous permettant de réfléchir, être malin et créatif pour trouver la juste solution pour l’un comme pour l’autre.
ET VOUS, OÙ EN ÊTES-VOUS ?
Pensez aux trois dernières décisions majeures de votre vie : avez-vous rencontré des difficultés pour prendre une décision, en raison de l’impact qu’un résultat a pu avoir sur les autres. Comment avez-vous géré ? Qu’avez-vous ressenti ? Quel résultat votre décision a-t-elle provoqué ?
Décrivez une situation dans laquelle vous n’avez pas été aussi sensible aux sentiments des autres que vous auriez dû l’être. Selon vous, pourquoi cette situation s’est produite ? Quel en a été le résultat ? De quelle façon auriez-vous pu agir différemment ? Qu’est-ce que cela aurait apporté à cette situation ?
Lorsque vous sentez que dans une interaction le ton monte et donc les émotions, apprenez à prendre un temps de pause et vous mettre à la place de la personne. Qu’est-ce qu’elle doit ressentir dans cette situation ? Que se passe-t-il en elle ? Quel impact émotionnel cela a sur moi ? Et intéressez-vous à elle en la questionnant afin de vous assurer que vos impressions sont les bonnes.
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