Hypersensibilité émotionnelle, mode d’emploi

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Actuellement, nous entendons énormément parler du sujet de l’hypersensibilité émotionnelle. Et pour cause ! Nous estimons que 30% de la population serait concernée. 

Il suffit de se balader sur un moteur de recherches pour comprendre la stigmatisation qui se crée autour de l’hypersensibilité. « Traitement », « symptôme »… Le champ lexical médical associe davantage l’hypersensibilité à une maladie qu’à une façon différente de ressentir ses émotions. Pourtant, l’hypersensibilité émotionnelle peut être une réelle force au quotidien, si elle est comprise et gérée de manière adaptée.

1. En pratique, l’hypersensibilité, c’est quoi ?

Vous l’avez peut-être compris, j’aime bien m’appuyer sur les définitions officielles pour expliquer un phénomène. Je me suis donc penchée sur celle proposée par le dictionnaire Larousse, pour définir l’hypersensibilité : « Sensibilité exagérée ou extrême – Synonyme : hyperémotivité ». Ici, l’hypersensibilité émotionnelle est associée à un comportement excessif, et donc indirectement perçue comme quelque chose de négatif. 

Pourtant, lorsque nous regardons du côté de son étymologie, le terme « hypersensibilité » est composé du préfixe hypér- qui signifie « au-dessus, au-delà » en grec ancien, et de l’adjectif sensibilis, dérivé du verbe latin sentio qui signifie « sentir ». Ici, rien de péjoratif bien au contraire. 

Si nous regardons du côté des spécialistes, Stéphane Clerget — psychiatre, pédopsychiatre et auteur de l’ouvrage « Hypersensible, Hyperamoureux », définit d’abord la sensibilité comme une capacité à réagir à des stimulations internes ou externes, une faculté à ressentir les émotions qui correspondent aux situations que nous traversons et de les exprimer de manière adaptée. De fait, les hypersensibles vont réagir de manière plus intense par rapport à la moyenne. 

Ce n’est donc pas une question de « sensiblerie » ni d’exagération, mais bien une question de puissance sensorielle. Davantage un trait de caractère qu’une pathologie, l’hypersensibilité se révèle être finalement un « super pouvoir », une réceptivité plus développée que la norme à percevoir les signaux sensoriels extérieurs, comme une hyperacuité ou une hyperesthésie par exemple. 

2. Les signes de l’hypersensibilité

Si l’hypersensibilité émotionnelle touche ⅓ de la population, il est souvent complexe de la reconnaître chez soi ou chez les autres. Il est donc très délicat de faire une liste objective et exhaustive des signes comportementaux qui se rapportent à l’hypersensibilité. 

Parmi les traits de personnalité les plus communs aux personnes hypersensibles, nous pouvons retrouver : 

  • une très forte empathie, 
  • un sens du détail pointu, 
  • une très bonne intuition, 
  • la facilité à capter des stimuli même discrets, 
  • des sens très développés (perception du bruit, de la lumière, des odeurs…), 

mais aussi, 

  • une prise de décision pouvant être plus longue, 
  • une tendance à l’anxiété au vu d’une situation passée, 
  • une sensation de fatigue récurrente, 
  • des signes d’irritabilité,
  • des variations d’humeur,  
  • la nécessité de s’isoler ponctuellement… 

Cependant, je le répète, l’hypersensibilité émotionnelle est avant tout une question sensorielle. Ce n’est pas une maladie pour laquelle on viendrait cocher un tableau clinique regroupant une somme de symptômes, pour établir un diagnostic. 

Les scientifiques et psychologues continuent d’étudier la question de l’hypersensibilité et la manière de la reconnaître de la manière la plus fiable possible. Au début des années 2000, la psychologue et chercheuse en psychologie américaine Elaine Aron a élaboré un questionnaire pour auto-évaluer son niveau d’hypersensibilité, sans pour autant qu’il soit officiellement reconnu à ce jour. 

Ainsi, seuls des professionnels – psychologues, psychiatres et coachs certifiés, sont aujourd’hui en mesure de définir si une personne est hypersensible ou non.

3. Quelles différences entre l’hypersensibilité et le HPI ?

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Comme nous venons de le voir, l’hypersensibilité est l’intensité avec laquelle nous allons ressentir les émotions. Quant au HPI, il correspond à des capacités intellectuelles cognitives supérieures à la norme – en comparaison avec les personnes de la même classe d’âge.  

Il y a encore énormément d’études à faire sur le sujet. Cependant, quand il y a une hyperactivité cérébrale – d’un point de vue cognitif et intellectuel, il y a souvent aussi une hyperactivité émotionnelle, c’est-à-dire une hypersensibilité. En règle générale, les personnes HPI sont hypersensibles

Par contre, l’inverse n’est pas vrai. Il y a des personnes hypersensibles qui ne sont pas des hauts potentiels intellectuels. Ainsi, 30% de la population serait concernée par l’hypersensibilité émotionnelle. Alors que seulement 2,3% de la population serait considéré comme HPI. 

4. Les avantages de l’hypersensibilité émotionnelle

Plus souvent associée à un défaut qu’à une qualité, l’hypersensibilité est pourtant une ressource extrêmement puissante dans le cadre personnel comme professionnel. 

Tout d’abord, une personne hypersensible est en mesure de créer de grandes joies avec de petites choses. Il ne faut pas sous-estimer l’importance des joies dans notre vie quotidienne. Car elles nous indiquent ce que nous aimons et nous aident à prendre les justes décisions pour notre bien-être. 

Être hypersensible, c’est également bénéficier d’une bonne intuition, parfois plus importante que la moyenne. Roland Jouvent – psychiatre et directeur de recherche au CNRS, en parle comme d’une capacité à « percevoir des éléments contextuels et à les agencer (…) pour trouver une solution nouvelle ». L’intuition semble donc déterminante pour pouvoir mener sa vie. 

Enfin, l’hypersensibilité émotionnelle stimule la créativité. En ayant cette bonne intuition justement, ce « feeling » sur son environnement, une personne hypersensible va mettre à profit sa créativité pour trouver des solutions stratégiques ou opérationnelles, dans le monde du travail par exemple. Dans la sphère personnelle, l’hypersensibilité va alimenter nos sensibilités artistiques, notre envie de créer que ce soit par le biais de la musique, du dessin, d’activités manuelles ou encore de l’écriture. 

5. Soigner l’hypersensibilité, un mythe !

L’hypersensibilité émotionnelle ne peut pas être « soignée » comme telle. Pour la simple et bonne raison, que l’hypersensibilité est un trait de caractère et non, une pathologie. Elle peut d’ailleurs se matérialiser uniquement dans certains domaines ou à certaines périodes de sa vie. 

Loin d’être une marque de faiblesse, l’hypersensibilité est surtout une autre façon d’appréhender le monde comme le souligne Psychologies Magazine dans son numéro de juin 2023. Pour apprivoiser cette singularité et profiter de ses avantages, faites preuve de bienveillance envers vous-même

Si vous êtes hypersensible, comprenez que vous avez là un potentiel qui mérite d’être développé. Si vous avez la chance d’avoir des sens toujours en éveil, vous avez de fait, de nombreuses informations à traiter. Il est donc légitime que vous preniez le temps de les appréhender. 

Pour conserver votre équilibre, prenez soin de vous et tenez compte de votre besoin de solitude, de repos ou d’isolement dès que c’est nécessaire. Évadez-vous en pleine nature, changez ponctuellement d’environnement, faites-vous massez… Trouvez des moments qui vous permettent d’être moins stimulé sensoriellement. 

De plus, ne sous-estimez pas l’intérêt de faire appel à des professionnels. La méditation, la sophrologie ou encore l’hypnose sont autant de pratiques qui peuvent vous aider à appréhender et réguler votre hypersensibilité.