Au quotidien, les émotions nous traversent. Qu’elles soient ressenties comme agréables ou désagréables, elles sont loin d’être irrationnelles. Bien au contraire. Réel système d’alerte de notre corps, les émotions nous aident à avancer dans la bonne direction grâce à un processus neurologique très concret qui met aussi en scène notre deuxième cerveau.
Alors, selon vous, dans quelle partie de notre cerveau se situe le siège des émotions ?
- Le cerveau reptilien
- Le cerveau limbique
- Le néocortex
- Le ventre, notre deuxième cerveau
- Des connexions au service de nos émotions
Dans les mots, une émotion peut être définie comme une réaction passagère provoquée par un stimulus extérieur. Dans les faits, pour comprendre d’où viennent concrètement nos émotions, il est primordial de parler neurosciences. Je pourrais vous parler en détail de l’hypothalamus, du lobe frontal ou encore du cervelet. Mais là n’est pas le point.
Ici, l’intérêt est surtout d’identifier les différentes zones de notre cerveau qui sont sollicitées dans la construction de nos émotions, et le rôle qu’elles endossent pour nous envoyer le bon message au bon moment.
1. Le cerveau reptilien
La première partie de notre système nerveux central est le cerveau reptilien. Niché au niveau du tronc cérébral, il va agir de façon spontanée, instinctive, animale.
De fait, son rôle est de répondre à nos besoins dits primaires. Lorsque ces derniers sont en péril, le cerveau reptilien va s’activer en urgence, pour nous permettre d’avoir une réaction rapide dans une situation où ce n’est pas le moment de réfléchir.
Le cerveau reptilien peut être aussi bien régi par la peur ou la nécessité de se défendre, que par ce qui nous anime positivement. Ce sont finalement nos réflexes les plus innés, qui vont s’enclencher pour garantir nos besoins primaires. Parfois, ce sont des comportements que nous avons du mal à contrôler car ils ne sont pas rationnels.
C’est le cerveau des poissons, des oiseaux et des reptiles.
2. Le cerveau limbique
La deuxième partie qui constitue notre cerveau est le système limbique. Situé au niveau du cortex cérébral – composé de l’hippocampe, de l’amygdale, du gyrus cingulaire et du fornix, il est le berceau de nos émotions.
En utilisant notre mémoire dite émotionnelle, le cerveau limbique agit au niveau de nos émotions en y intégrant la mémorisation des événements passés sur le long terme. Ainsi, nous allons commencer à comprendre ce qu’il se passe, à agir différemment et à adapter nos comportements.
C’est à cet endroit que nous allons commencer à intégrer des notions de bien et de mal. Est-ce que ce que je fais est juste ? Est-ce que c’est accepté par le groupe ? Au contraire, est-ce prohibé ? Parallèlement, c’est dans cette zone que le circuit de la récompense, de la punition ou encore de la motivation vont se mettre en route.
Aussi, le système limbique est la partie de notre cerveau qui nous aide à vivre les uns avec les autres. En prenant en considération nos expériences passées et nos émotions, nos liens sociaux vont commencer à se complexifier.
C’est le cerveau du lapin et du hérisson.
3. Le néocortex
Couche externe de nos hémisphères cérébraux, le néocortex nous permet de construire une intelligence autour de nos émotions.
C’est ici que nous allons pouvoir analyser les situations que nous vivons, résoudre les problèmes que nous rencontrons et nous projeter dans l’avenir. Source de créativité, le néocortex nous rend capable d’inventer, de trouver de nouvelles idées et de nouvelles solutions.
Associée à la mémorisation du cerveau limbique, l’analyse apportée par le néocortex a un impact sur nos choix, nos projections et notre capacité à anticiper et résoudre des problèmes en trouvant des solutions.
C’est le cerveau du dauphin, de la baleine et du chimpanzé.
4. Le ventre, notre deuxième cerveau
Pourquoi s’arrêter au système nerveux central alors qu’il existe dans notre corps un système nerveux entérique ? En effet, de récentes études scientifiques ont démontré l’existence de notre cerveau ventre.
Concrètement, notre ventre contient environ 200 millions de neurones. Ce qui correspond au cerveau d’un petit animal de compagnie, comme le chien ou le chat. Nos deux cerveaux – tête et ventre – communiquent l’un avec l’autre via le nerf vague et le sang.
Prenons l’exemple de la sérotonine. Plus connue sous le nom d’hormone du bonheur, elle est produite à deux endroits de notre corps. Notre cerveau tête sécrète environ 5% de notre production totale de sérotonine, dans un objectif de bien-être. L’exposition à la lumière, la pratique d’un sport ou encore le lien social sont des moyens de « doper » cette production de sérotonine.
Vous l’aurez compris, le second endroit – qui produit à lui seul 95% de notre sérotonine, est le ventre ! Si l’objectif est d’abord de faciliter le transit, la sérotonine sécrétée par notre ventre va ensuite se diffuser dans notre corps par notre sang, puis remonter vers notre cerveau. Elle va ainsi alimenter l’objectif « bien-être » de notre tête.
💡À voir sur ArteLa réalisatrice Cécile Denjean nous plonge dans un documentaire passionnant sur l’existence de notre deuxième cerveau. Pendant une heure, partez à la découverte de cet cet organe bourré de neurones qui participe activement à la gestion de nos émotions ! À retrouver sur : Arte・Prime Vidéo・Dailymotion |
Des chercheurs de l’Université de McMaster au Canada sont allés encore plus loin dans la démonstration, en prouvant l’impact du microbiote – ensemble des micro-organismes qui constitue notre flore intestinale, sur notre comportement et donc, nos émotions.
Pour construire ce raisonnement, l’équipe du professeur Stephen Mc Collins a mené une expérience sur des rongeurs stériles — autrement dit, sans aucune bactérie. Ces derniers adoptent instinctivement des comportements étranges, voire risqués pour leur survie. Puis, ces comportements s’apaisent rapidement dès lors que des bactéries sont injectées dans leur organisme.
Ce que les chercheurs comprennent de ces résultat est que, les bactéries seraient capables d’envoyer des messages de prudence à notre cerveau pour se protéger et donc par extension nous protéger. On ne parle plus d’intelligence émotionnelle mais bel et bien d’intelligence des bactéries !
Ainsi, les bactéries que nous ingérons, à travers notre alimentation notamment, jouent donc un rôle important dans la production d’émotions. Ce qu’il se passe dans notre ventre – ce que nous mangeons, a un lien direct avec ce qu’il se passe dans notre tête – la façon dont nous réfléchissons.
5. Des connexions au service de nos émotions
Alors, pourquoi avoir deux cerveaux ? Pour la simple et bonne raison que notre cerveau tête et notre cerveau ventre vont nous donner des informations différentes mais complémentaires.
Comme nous l’avons vu, tout ce qui va partir du ventre est viscéral. Ce sont les besoins fondamentaux qui émergent de nos tripes. Ils sont très personnels et n’ont pas à être jugés ou justifiés. Autrement dit, notre ventre nous donne la direction de ce qui nous plaît et ce qui ne nous plaît pas, de ce qui nous stimule et ce qui ne nous stimule pas.
Quant à notre tête, elle nous sert à analyser, à traiter l’information, à adapter nos comportements avec de la réflexion. Son rôle est donc de nous aider à construire le comment. Comment créons-nous de la protection ? Comment construire notre projet ? Comment allez vers ce qui nous stimule ?
Notre cerveau est programmé pour deux choses : la survie et la satisfaction immédiate. Cela veut dire que si nous écoutons notre tête en permanence, on ne fait rien ! Pourquoi ? Parce que tout est un danger potentiel. À court terme, nous serons uniquement sur des choses qui nous font du bien et nous satisfont.
À l’inverse, si nous écoutons uniquement notre ventre sans utiliser notre tête, le risque est d’être seulement dans ce qui nous anime sans prendre en compte l’organisation, l’anticipation, la programmation, la création…
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Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un vrai travail d’équipe entre notre tête et notre ventre. À travers un processus neurologique bien huilé, nos émotions vont être déclenchées par des informations qui nous viennent à la fois de notre tête et de notre ventre. Ainsi, cerveau reptilien, limbique, néocortex et ventre vont tour à tour nous envoyer la bonne émotion au bon moment afin de nous aider à prendre la bonne direction au vu des situations que nous traversons au quotidien.