Vous est-il déjà arrivé d’avoir envie de changer de vie, de tout plaquer ? De vous dire que votre vie aurait été différente si vous aviez fait d’autres choix ?
Je ne suis pas étonnée. Le fantasme du changement de vie est assez commun. Du jour au lendemain, on rêve de remplir ses valises et partir tout recommencer à l’autre bout du monde. Si cette envie dénote un ras-le-bol général, elle remet bien souvent en cause l’entièreté de notre vie. Mais est-ce vraiment bien nécessaire ?
Avant de foncer tête baissée, je vous propose de ralentir le rythme pour comprendre le besoin de changement qui vous anime et de vous accompagner pour créer une nouvelle réalité qui vous correspond davantage. Suivez le guide.
1. Ecouter son besoin de changement
Lorsqu’il doit nous faire passer des messages importants, notre corps (et plus précisément notre cerveau) a un système d’alerte bien huilé. Je parle bien évidemment des émotions que sont la peur, la colère, la tristesse et la joie. Ces dernières agissent comme une boussole qui nous donne de précieux indicateurs pour nous aider à avancer dans la juste direction pour nous-mêmes.
Ce processus endosse plusieurs rôles : celui de nous protéger dès que nous ressentons de la peur, de nous aider à identifier ce qui nous anime lorsque la joie nous traverse, de nous permettre de nous recentrer pour faire face à une perte qu’elle soit symbolique ou réelle dans le cas de la tristesse, ou encore de nous pousser à nous défendre avec la plus puissante des énergies qu’est celle de la colère.
Vous me voyez venir… Si vous ressentez le besoin de changer de vie, il y a de fortes chances que votre corps soit en train de vous parler. Chaque personne étant unique, les manifestations du changement peuvent être différentes selon le registre émotionnel qui entre en jeu.
Signaux d’alerte du besoin de changement :
À ce stade, il est important d’avoir en tête qu’une autre dimension est à prendre en compte : la temporalité. En effet, c’est tout à fait normal de ressentir des baisses de motivation passagères. Cela ne veut pas forcément dire qu’il faut nécessairement faire bouger les choses. Par contre, si cela fait plusieurs années que ça dure, que votre envie de changer de travail ou de lieu de vie revient régulièrement, la question du changement se pose sérieusement.
Ressentir toutes ces émotions peut être vertigineux. En apprenant à les identifier et les comprendre, vous avez déjà fait une grosse partie du travail.
2. Changer de posture
En introduction, nous évoquions le fantasme de la nouvelle vie comme une action souvent radicale. Bonne nouvelle, sachez que ce n’est pas un passage obligé. Je dirai même que plaquer sa vie du jour au lendemain est à proscrire.
Pour la simple et bonne raison que cela comporte des risques.
En effet, toute décision hâtive nous place en réaction ; c’est-à-dire davantage dans une posture de fuite d’une situation douloureuse et ce, sans aucune transition. Bien sûr, la fuite est parfois nécessaire, lorsqu’il s’agit de notre survie. Mais ici, plus l’évolution va être brutale émotionnellement, plus elle va être violente à intégrer – même dans le cas où elle est positive en soi.
Le premier risque est donc de mal assimiler les émotions provoquées par le changement. Par définition, changer de vie est inconfortable. Nous sommes confrontés à de nouveaux ressentis, souvent désagréables car nous sortons de notre zone de confort. Le second est d’envoyer tout valser, même les éléments de notre vie auxquels nous tenions. Enfin, le dernier risque est tout simplement de déplacer avec nous les raisons qui ont motivé notre besoin de changement ; si nous n’avons pas pris le temps de les comprendre, nous nous exposons à reproduire ce décalage ailleurs. Et ainsi de suite.
En tant que coach, je préfère donc l’adage « Petit à petit, l’oiseau fait son (nouveau) nid. »
D’un point de vue plus philosophique, le changement de vie pourrait s’apparenter à un mythe. Que nous le voulions ou non, que nous croyions à la réincarnation ou non, nous ne pouvons pas réellement changer de vie. Il n’y a pas d’autre existence – de notre naissance à notre mort – que celle que nous sommes en train de mener, présentement.
La vie n’est donc pas un seul bloc figé et interchangeable mais bien le résultat de décisions que nous prenons au fur et à mesure, dans différents aspects de notre vie, et sur lesquelles nous pouvons agir pour trouver un « mieux-être ».
Ainsi, il y a de grandes chances que votre besoin de changement soit davantage lié à certains domaines de votre vie qui provoquent de l’insatisfaction.
3. Préparer le terrain
Vous l’aurez compris, l’heure est maintenant à l’introspection. Si vous avez pris conscience que vous aviez besoin de changement et que toute votre vie n’est pas à remettre en cause, vous devez maintenant comprendre dans quel contexte les émotions désagréables se déclenchent.
Nous l’avons vu plus haut, il existe de nombreux signaux d’alerte dans le registre émotionnel, qui peuvent nous aider à identifier les aspects de notre vie qui ne nous apportent pas satisfaction et qui nécessitent d’être changés.
Prenez un instant pour vous poser et décortiquer les moments durant lesquels les émotions vous traversent. Est-ce que cela se passe généralement au travail ? Vis-à-vis de votre situation amoureuse ? Lorsque vous êtes avec votre entourage, famille ou amis ?
N’hésitez pas à être aussi précis que possible. Par exemple, si vous ressentez le besoin de changer de vie professionnelle, s’agit-il de votre métier en lui-même ou du contexte dans lequel vous le pratiquez actuellement ?
Aussi, la place que prend la joie dans votre quotidien est pleine d’enseignements. Voici quelques (bonnes) questions à vous poser :
- Qu’est-ce qui me rend heureux(se) ?
- De quoi je rêvais plus jeune ? Quels sont mes rêves aujourd’hui ?
- Qu’est-ce qui est le plus important pour moi dans la vie ?
- Quelles sont les relations sociales qui m’épanouissent le plus ?
- Qu’est-ce que je peux faire pendant des heures sans voir le temps passer ?
- À la fin de ma vie, si je regarde dans le rétroviseur, qu’est-ce qui me permettra de me dire que j’ai bien vécu cette vie, ma vie ?
Exercice pratique : définir les domaines à travailler
Si vous ne savez pas comment initier la réflexion, je vous propose un exercice concret qui vous permettra de faire émerger les émotions qui vous traversent.
Prenez une feuille, un carnet ou un tableur. Dressez un tableau avec en colonne les émotions primaires (peur, colère, tristesse et joie) et secondaires (surprise et dégoût) et en ligne les différents domaines de votre vie. Sentez-vous libre d’ajouter à la liste d’autres aspects de votre vie qui prennent une place importante dans votre quotidien.
🚀 Ou pour aller plus vite télécharger le tableau selon la version que vous préférez : |
Dans un premier temps, cochez de manière instinctive, l’émotion principale associée à chaque domaine de la grille ci-dessus.
Puis dupliquez le tableau, effacez les croix. Consultez à présent la roue de granularité émotionnelle, un outil puissant pour identifier ses émotions. Cette fois, remplissez-le avec les adjectifs qualificatifs qui correspondent à ce que vous ressentez. Pour savoir dans quelle colonne écrire l’adjectif identifié sachez qu’à chaque adjectif correspond une émotion que vous trouverez au centre de la roue. Comparez les deux tableaux, aviez-vous coché les cases appropriées à ce que vous ressentez ? Il est parfois difficile de comprendre ce que nous ressentons, ne soyez pas étonné(e) si vous observez des différences.
Après cet exercice, vous commencerez à voir une direction se dessiner, des pistes de travail. À ce stade, l’objectif n’est pas d’avoir une réponse tranchée et irrévocable aux questions que vous vous posez comme « Dois-je changer de boulot ? » ou « Faut-il que je me sépare de mon conjoint(e) ? ». L’idée est de prendre conscience des aspects de votre vie qui vous apportent satisfaction, et ceux avec lesquels vous n’êtes pas (ou plus) en accord.
Je vous encourage à prendre le temps de faire l’exercice en profondeur. Cela vous permettra d’avoir de la matière pour avancer sur l’étape suivante : planifier le changement. Ainsi, vous pourrez reprendre les points un à un pour clarifier vos objectifs.
4. Planifier le changement
Comme souvent en gestion émotionnelle, il est important de ne pas attendre le moment de saturation pour réfléchir et prendre des décisions. Changer de vie, c’est se construire une nouvelle tranche de vie solide et positive. Il doit donc se faire dans un cadre apaisé et propice à la prise de recul.
Si les émotions sont rattachées au domaine du spontané, le changement de vie doit lui être réfléchi et éclairé.
En ayant commencé à préparer le terrain, vous avez déjà une vision plus claire des domaines de votre vie qui méritent toute votre attention. Vous avez également fait le point sur vos envies, vos sources de stimulation voire vos passions.
La prochaine étape est donc d’éclaircir vos intentions à travers la construction d’un plan d’action concret. Commencez par établir vos objectifs. Si vous en avez plusieurs, essayez de les prioriser – vous ne pourrez pas tout mener de front voire cela pourrait être décourageant et donc contre-productif. Gardez en tête que :
1. Un rêve avec une date devient un objectif.
Sans échéance, un rêve reste une idée floue. Une fois une date fixée, il commence à devenir tangible.
2. Un objectif divisé en étapes devient un plan.
Pour réaliser un objectif, il faut le décomposer en petites étapes réalisables et cohérentes.
3. Un plan accompagné d’actions devient une réalité.
Les actions concrètes et régulières transforment le plan en résultats.
Il faut le vivre pour le croire
Afin que votre démarche ne vous semble pas insurmontable, composez avec vos forces. Tout au long de votre vie, vous avez acquis (ou commencer à acquérir) des qualités qui vous seront utiles pour amorcer votre changement de vie :
- Lister les qualités que vous estimez nécessaires à l’atteinte de chaque objectif
- Identifier celles que vous avez déjà éprouvées à travers d’autres expériences de vie personnelles ou professionnelles
- Faire le tri : maîtrise – en cours d’acquisition – à développer
Pour développer de nouvelles qualités, vous pouvez lire des livres, assister à des conférences, écouter des podcasts, faire des exercices pratiques, suivre des formations ou encore échanger avec des pairs.
Changer de vie est un processus qui peut paraître déroutant. Certaines personnes arrivent assez facilement à prendre de la hauteur, à poser des mots sur leurs ressentis et à identifier des objectifs concrets pour avancer. D’autres peuvent avoir besoin d’un accompagnement pour poser un cadre sécurisant et progresser dans leur projet de vie. Il n’y a aucun complexe à avoir : l’enjeu est de ne pas se juger et s’aider pour ne pas rester bloqué(e).
Si c’est votre cas, ne restez pas seul(e) et sollicitez l’aide d’un coach par exemple.
J’y vais… mais j’ai peur !J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je commence par la mauvaise : il n’est pas possible de ne pas avoir peur. La bonne, c’est très sain de la ressentir. En effet, la peur ne nous dit pas de ne pas y aller mais nous alerte sur les points de vigilance à sécuriser pour avancer sereinement. Lorsque nous nous dirigeons vers des choses nouvelles, c’est complètement légitime d’avoir peur de faire le mauvais choix, de se tromper. Dans notre tête, les risques réels nous paraissent parfois démesurés face à une réussite hypothétique. En somme, nous ne nous sentons pas en confiance alors pourquoi prendre le risque ? Et cela n’a rien d’étonnant. 💡Le saviez-vous, la confiance en soi repose sur l’expérience et se construit donc avec le temps. C’est parce que nous avons déjà réalisé cette tâche, et de manière répétée, que nous avons acquis à la fois les compétences nécessaires à son accomplissement mais également la conviction que nous les maîtrisons suffisamment pour avoir confiance en nous dans ce domaine. À l’inverse, lorsque nous expérimentons la nouveauté, le niveau de confiance en soi est donc bas car nous ne savons pas encore si nous avons, en nous, les ressources pour y faire face. Alors, quand nous voulons amorcer une métamorphose d’une partie de notre vie, la peur de l’inconnu peut prendre le dessus. C’est logique, il ne faut pas s’en inquiéter. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas le faire – sinon, vous risquez de ne jamais rien tenter de nouveau dans votre vie. Au contraire, c’est le signe que vous êtes en train de sortir de votre zone de confort et qu’il est important d’identifier les défis principaux que vous allez devoir relever pour amorcer le changement en douceur et de manière progressive. Pas à pas, vous avancerez de votre situation actuelle vers la situation souhaitée, en expérimentant de nouvelles choses sur le chemin et en gagnant en confiance graduellement. Cela vous donnera l’énergie nécessaire pour la suite ! Plus vous progresserez dans votre projet de vie, plus vous vous sentirez à l’aise. Comme disent les Américains, trust the process. |
5. Surmonter les obstacles
J’aimerais pouvoir vous dire que le changement de vie est un long fleuve tranquille. Mais vous l’aurez compris, il s’agit d’un projet sur un temps plus ou moins long, qui s’établit en plusieurs étapes, durant lesquelles vous allez avoir besoin de réfléchir, définir des objectifs, construire un plan d’action. Autant de moments propices pour se laisser envahir par les doutes, se convaincre que les freins sont trop nombreux.
Après tout, si changer de vie était aussi facile, vous l’auriez probablement déjà fait !
Bien que nous ne puissions pas modifier les règles du jeu, nous pouvons contrer les coups durs en trouvant des solutions pour faire parade.
Si les obstacles que vous rencontrez sont d’ordre pratique, comme le manque de temps, d’argent ou de soutien par exemple, vous pouvez opter pour des outils concrets qui vont vous débloquer de manière proactive : définir un calendrier réaliste, établir un budget, s’entourer d’un mentor.
Au contraire, si vous avez plutôt des freins émotionnels, comme la peur de l’échec, de sortir de votre zone de confort ou du regard des autres, vous avez besoin d’être inspiré par celles et ceux qui ont réussi, pour vous mettre en confiance et vous aider à avancer pas à pas. Il existe de nombreux podcasts, témoignages et ouvrages selon vos aspirations et vos objectifs. Par exemple, je vous conseille le livre de Guénolée de Carmoy et Bhadraka Harang, « Tout plaquer avec succès », qui recense 17 témoignages de personnes ayant osé la reconversion professionnelle.
6. Récolter les fruits du changement
Changer de vie n’est pas une destination en soi, mais une nouvelle direction qui nous aide à être sur la juste route pour vivre sa vie. Notre existence est faite de changements. Chacun d’eux intervient pour ajuster la trajectoire, dès que nécessaire et le plus paisiblement possible.
En chemin, vous pourrez profiter des bénéfices, petites et grandes joies, qui font partie du voyage.
Pendant tout le processus, vous aurez appris à écouter les signes, à adopter une posture de prise de recul pour identifier les domaines de votre vie qu’il est nécessaire de changer, à réfléchir de manière concrète aux actions à mettre en place pour atteindre vos objectifs sereinement. Vous aurez créé un cadre apaisé pour amorcer une transformation durable et positive.
Et vous pouvez en être fier(e) !
À travers ces différentes étapes, vous (re)devenez acteur de votre vie : vous cessez de répondre aux attentes des autres pour vous aligner avec vos valeurs, vos aspirations. Vous choisissez par vous-même et pour vous-même.
Alors, osez imaginer une nouvelle réalité qui vous correspond davantage… et passez à l’action !