« Ça ne sert à rien d’avoir peur », « C’est pas beau de pleurer », « Ne fais pas le bébé »… Nous nous sentons parfois déroutés, voire dépassés, par les émotions des enfants. La tentation est grande de faire abstraction de ces émotions, de les punir voire de les dénigrer pour y mettre un terme au plus vite.
Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, bloquer les émotions ne sert à rien. Joie débordante, frustration, peur du noir, colère… Les enfants vivent des émotions intenses au quotidien. Et, comme pour les adultes, la gestion des émotions chez l’enfant est un apprentissage à part entière, qui requiert empathie et bienveillance.
Alors, comment aider les enfants à traverser leurs émotions sans les nier ni les dramatiser ?
1. Les différents stades émotionnels des enfants
Pour comprendre la gestion émotionnelle chez les enfants, il est important de savoir comment ces derniers se construisent et à quel rythme. Mais avant toute chose, je voudrais déconstruire plusieurs idées reçues.
Premier point, et pas des moindres, le cerveau limbique – berceau des émotions et de la mémoire – et le cortex préfrontal – siège de différentes fonctions cognitives comme la régulation des émotions et l’inhibition des comportements inappropriés – se développent jusqu’à l’âge de 25 ans. Eh oui, contrairement à ce que nous pourrions imaginer, notre cerveau n’est pas « terminé » à la naissance. À vrai dire, nous naissons même « précoces » – contrairement à d’autres mammifères. C’est d’ailleurs pour cela qu’un bébé ne peut pas se mettre debout à la naissance, alors que le poulain peut le faire par exemple.
Second point, de nombreuses études psychologiques ont démontré que la notion de « caprice » n’existe pas. L’enfant n’a tout simplement pas d’intention manipulatrice, lorsqu’il pleure ou crie pour obtenir gain de cause. C’est une réaction spontanée et naturelle d’expression de sa frustration, de sa peur, etc.
Enfin, il est essentiel d’intégrer une chose : ce n’est pas que l’enfant ne « veut pas » réguler ses émotions, c’est qu’il « ne peut pas » jusqu’à ce qu’il apprenne à le faire. À chaque étape de leur développement, il va intégrer de nouvelles compétences pour développer son Intelligence émotionnelle.
Je vous propose donc de passer en revue les différents stades émotionnels chez les enfants et les enjeux qui en découlent pour les adultes qui les accompagnent.
> Nourrissons : de 0 à 12 mois
Au début de sa vie, l’enfant est en situation de dépendance vis-à-vis des personnes qui prennent soin de lui (parents, entourage, assistant maternel…). Face à une situation dite « stressante », comme la faim, l’inconfort d’une couche pleine, la peur ou encore le besoin de sommeil, il va chercher à capter l’attention le plus souvent par les pleurs ou les cris.
→ Ici, l’enjeu des adultes est de détecter les signaux envoyés par le nourrisson pour satisfaire son besoin.
> Tout-petits : de 12 mois à 2 ans
Dès sa première année, l’enfant prend petit à petit conscience qu’il ressent des émotions. Il progresse dans la compréhension verbale et enrichit son vocabulaire. C’est également la période où l’enfant va explorer les limites qui lui sont imposées, le fameux « Terrible Two ». Comme nous l’avons évoqué plus haut, il ne s’agit pas ici de caprices mais bien de confrontations à la frustration : le cerveau ne sait pas encore bien gérer ces « pics » émotionnels.
→ Ici, l’enjeu des adultes est d’accompagner l’enfant à identifier les émotions qui le traversent pour commencer à les nommer.
> Enfants d’âge préscolaire : de 2 à 5 ans
Le début de la socialisation accrue, à la garderie puis à l’école, permet à l’enfant d’entrer en communication avec
les Autres. Ces interactions l’aident à prendre conscience de ses propres émotions mais également celles des personnes qui l’entourent. Il commence également à associer les émotions et les événements qui les ont provoquées.
→ Ici, l’enjeu des adultes est d’introduire la notion de besoin pour aider l’enfant à se sentir mieux et gérer activement sa source d’inconfort. Il peut être intéressant de commencer également à lui proposer de nouvelles manières de réagir face à ses émotions fortes.
> Premières années du primaire : de 5 à 7 ans
À cet âge, la conscience de soi – c’est-à-dire la capacité à reconnaître et comprendre ses propres émotions – est de plus en plus développée. Les sentiments d’embarras, de gêne, de honte mais aussi de fierté font leur apparition. En présence de pairs, l’enfant peut inconsciemment afficher un masque de calme sur le plan affectif.
→ Ici, l’enjeu des adultes est de soutenir la verbalisation de ses émotions en proposant des espaces de parole réguliers et sécurisants dans l’accueil de ses émotions pour laisser l’enfant venir à son rythme, sans se forcer.
> Milieu de l’enfance : de 7 à 10 ans
À cette période, les Relations Humaines deviennent de plus en plus centrales. L’enfant a conscience des nombreuses émotions qu’il ressent à l’égard d’une personne. Aussi, il comprend que ses comportements expressifs, qu’ils soient réels ou simulés, peuvent moduler la dynamique relationnelle.
→ Ici, l’enjeu des adultes est d’encourager la distinction entre émotion et réaction émotionnelle (être en colère ne signifie pas être violent, par exemple).
> Préadolescence : de 10 à 13 ans
Des émotions plus complexes font leur apparition ; c’est l’envie, le doute ou l’ambivalence par exemple. Il fait une distinction entre ce qu’il peut exprimer ouvertement et ce qu’il veut garder pour lui. De plus en plus autonome, le pré ado commence à envisager diverses solutions pour gérer sa colère, son stress ou encore sa tristesse.
→ Ici, l’enjeu des adultes est de favoriser l’introspection, et donc d’accepter les moments où le pré ado a besoin de se mettre en retrait.
> Adolescence : 13 ans et plus
Chez les adolescents, les hormones sont en ébullition, notamment les hormones sexuelles. Pour rappel, les émotions sont des shoots hormonaux et peuvent donc être plus compliquées à gérer pendant cette période. Les ados avancent également sur la construction de leur caractère moral et de leur philosophie personnelle.
→ Ici, l’enjeu des adultes est de poser un cadre clair et sécurisant pour accueillir les émotions sans jugement. C’est aussi le moment de montrer que l’adulte lui aussi apprend encore. Ce dernier point permettra à l’adolescent de ne pas construire une image de lui-même négative lorsqu’il se verra en difficulté dans la gestion de ses émotions. Le décomplexer dans son apprentissage est essentiel.
Pour aller plus loin, je vous invite à jeter un œil sur les travaux de la psychologue américaine Carolyn Saarni, connue pour ses recherches novatrices sur le développement de la compétence émotionnelle chez l’enfant.
2. Accompagner pas à pas, une méthode en 3 étapes
En introduction, nous avons évoqué les formulations que les adultes avaient parfois tendance à utiliser en réponse aux émotions des enfants : « N’aies pas peur », « Ne te mets pas en colère », « C’est pas grave », « Arrête de pleurer »… Dans la majorité des cas, il ne s’agit pas d’une intention malveillante mais d’une réponse quasiment de l’ordre du réflexe. Pourtant, si nous prenons ces mots au pied de la lettre, cela peut être violent car elles nient clairement les émotions ressenties par les enfants. Or, les émotions parlent ce qu’il y a de plus intime en eux, ce qu’ils expriment – parfois maladroitement, il est vrai.
La gestion des émotions est un apprentissage comme un autre. Au même titre que la lecture ou les tables de multiplication, il est tout à fait normal qu’un enfant ne sache pas spontanément gérer sa tristesse, sa peur, sa colère / frustration et sa joie. Lui demander de savoir le faire de manière innée est une erreur, voire une ineptie, car rappelons-le : son cerveau est encore en développement. Il ne nous viendrait pas à l’idée de demander à un enfant qui se lève pour la première fois sur ses jambes de courir un marathon. Alors, pourquoi lui demander d’être capable de mettre des mots calmement sur ce qu’il ressent ?
Le rôle des parents ou des personnes en charge de l’éducation des enfants est donc d’accompagner l’enfant pas à pas pour qu’il puisse reconnaître ses émotions, les comprendre et les verbaliser.
1. Identifier son émotion
La première chose à faire lorsque vous sentez que l’enfant traverse une émotion intense est de l’interroger sur ce qu’il ressent. À cet âge, ce n’est pas toujours évident de trouver les bons mots pour exprimer ce que l’on a à l’intérieur de nous. Pour vous aider à établir la communication entre adulte et enfant, il existe un excellent outil : la roue des émotions.
Il y en a de plusieurs formes, adaptées aux différents âges de l’enfant. Proposez-lui de l’utiliser pour qu’il puisse identifier son émotion.
2. Comprendre le besoin qui se cache derrière
Vous ne le savez peut-être pas mais une émotion est un signal d’alerte de notre cerveau qui nous indique qu’un de nos besoins vitaux vient d’être remis en question – lorsqu’il s’agit d’une émotion désagréable bien sûr. Elle a vocation à nous mettre en mouvement pour que nous puissions garantir la satisfaction de ce besoin.
Une chose est sûre, si votre enfant ressent de :
- La tristesse, il a besoin de réconfort
- La peur, il a besoin de sécurité / protection
- La colère, il a besoin de réparation
- La joie, il a besoin de partage
Et ces besoins sont les mêmes tout au long de notre vie.
3. Répondre à son besoin
Une fois que l’émotion est identifiée, il est primordial de lui apporter une réponse adaptée. Dès le plus jeune âge, l’enfant montre des signes de tristesse ou de peur, on peut alors lui proposer spontanément ce qui pourrait le réconforter : un câlin, un objet familier comme un doudou ou une chanson douce. A partir de deux ans, l’enfant est capable d’exprimer des préférences simples, vous pouvez donc l’impliquer davantage dans le choix de ce dont il aurait besoin pour se sentir mieux.
De cette manière, vous le sensibilisez au rôle des émotions et à ce qu’il doit faire pour s’occuper de lui-même.
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Pour devenir un expert de la gestion des émotions, un enfant doit donc s’entraîner à gérer ce qui le traverse en effectuant ces 3 étapes de manière régulière. Plus il répétera l’exercice, plus cela sera intuitif pour lui.
En développant l’Intelligence émotionnelle des enfants dès leur plus jeune âge, c’est un cadeau que vous faites à l’adulte qu’il deviendra.
3. Limiter le risque de refoulement
Au siècle dernier, Freud a révolutionné la psychologie en théorisant deux concepts majeurs : l’inconscient et le refoulement.
Concrètement, nous vivons des émotions fortes depuis que nous sommes nés. Or, il arrive que notre psychisme ne soit pas en mesure de les intégrer sur le moment. Pour nous protéger, l’inconscient peut alors les refouler : c’est un mécanisme de défense qui permet de « mettre de côté » ces vécus jusqu’à ce que l’on soit plus apte à y faire face. Dans l’absolu, c’est un mécanisme instinctif de protection qui peut être très sain à condition qu’il ne reste pas « figé ».
Le rôle d’une émotion est de nous mettre en mouvement pour répondre à un besoin. Lorsqu’elle est restée enfouie, elle peut se manifester de manière inappropriée ou disproportionnée plus tard, comme si elle cherchait encore à remplir sa fonction initiale. Ce phénomène explique pourquoi, une fois adulte, on peut parfois « surréagir » à certaines situations : ce n’est pas l’émotion du présent qui parle, mais une émotion ancienne qui n’a jamais été pleinement digérée. A ce sujet, avez-vous déjà entendu parler de la notion de « enfant intérieur » ? C’est cela dont il s’agit revisiter les émotions du passé qui ont été enfouies mais qui vous habitent toujours à l’âge adulte.
Dès lors que nous sommes adultes, nous estimons que certaines de nos émotions sont « déplacées » ; non pas d’un point de vue moral, mais d’un point de vue temporel. Nous avons l’impression de surréagir. En réalité, il s’agit d’une émotion ancienne qui cherche à être revécue après avoir été stockée pendant trop longtemps.
C’est en grande partie ce que la psychothérapie explore et cherche à “guérir”. En revenant sur les expériences marquantes, notamment de l’enfance, le thérapeute aide la personne à mettre des mots sur ses émotions passées et à s’en libérer, et cela dans un climat de confiance et de sécurité. Ainsi, vous apprenez à vivre avec les événements passés, sans la charge émotionnelle de l’époque.
Dans sa construction émotionnelle, un enfant n’a pas forcément besoin de vivre de grands traumatismes pour les refouler. C’est la condition de chaque être humain : avoir ressenti des émotions intenses auxquelles il ne pouvait pas faire face à un âge où ses capacités de compréhension et de régulation étaient encore trop limitées.
En tant qu’éducateur, plus on aide un enfant à mettre des mots et du sens sur ses émotions, plus on lui permet de développer une intelligence émotionnelle solide — et de limiter les blocages émotionnels futurs.
4. La boîte à outils pour une gestion émotionnelle plus sereine
Nous l’avons vu précédemment, l’apprentissage de la gestion émotionnelle se déroule en 3 étapes : identifier l’émotion, comprendre le besoin, satisfaire ce besoin. Sur le papier, la méthodologie peut paraître assez simple. Pourtant, selon l’âge de l’enfant ou votre appétence sur le sujet en tant qu’adulte, il n’est pas toujours intuitif d’aborder ces différentes étapes.
Heureusement, il existe de nombreux outils pour vous guider, adaptés aux différents stades de développement de l’enfant. En voici quelques-uns :
Identifier et comprendre les émotions
- Le jeu du « Cherche et trouve »
Par l’observation, vous pouvez aider votre enfant à découvrir les émotions en les associant à des manifestations physiques courantes (les pleurs = la tristesse, le sourire = la joie). Je vous conseille le « Cherche et trouve des tout-petits – Les émotions » de Marine Fleury adapté aux enfants à partir de 1 an.
C’est un excellent outil pour accompagner l’enfant (et les adultes !) à reconnaître les émotions qui les traversent, grâce à un système d’adjectifs. La roue des émotions proposée par Bougribouillons est évolutive et peut être utilisée avec les enfants dès l’âge de 2 ans.
- La météo des émotions
Souvent utilisée à l’école maternelle, la météo des émotions permet à l’enfant de définir l’état dans lequel il se trouve en faisant le parallèle avec le temps qu’il fait. Par exemple, le temps ensoleillé représente la joie, la pluie indique la tristesse, l’orage incarne la colère…
- La littérature Jeunesse sur la thématique des émotions
Vous trouverez à la bibliothèque ou en librairie de nombreux ouvrages sur la thématique des émotions adaptés à chaque âge de l’enfant.
Par exemple :
– La couleur des émotions, d’Anna Llenas, un album animé pour se familiariser avec les émotions à travers l’histoire d’un monstre des couleurs un peu embrouillé dès le matin – à partir de 3 ans.
– Gaston la licorne, Aurélie Chien Chow Chine, un recueil de 8 histoires de Gaston, dont la crinière change de couleur en fonction de ses émotions, qui inclut une roue des émotions – à partir de 3 ans.
– Feelings, Jean-Louis Roubira et Vincent Bidault, un jeu d’ambiance et de communication qui invite à partager son ressenti par rapport à une situation proposée – à partir de 8 ans.
– Je fais de mes émotions une force, Sophie Aiello, un guide didactique pour apprendre à reconnaître les besoins que les émotions traduisent et les exprimer aux adultes – à partir de 12 ans.
- Le film d’animation Vice-Versa
Sortie en 2015, Vice-Versa aborde la question des émotions à travers l’histoire de Riley – une petite fille dont les parents décident de déménager lorsqu’elle a 11 ans. Dans son « Quartier cérébral », 5 personnages cohabitent pour « contrôler » les réactions de la petite fille : Joie, Tristesse, Peur, Dégoût et Colère. Quant à Vice-Versa 2 sorti en 2024 sera très approprié dès la préadolescence.
Exprimer et extérioriser ses émotions
- Le langage des signes
Avant un an, il est difficile de communiquer avec un enfant qui n’a pas encore la possibilité de verbaliser ce dont il a besoin. Le langage des signes peut vous permettre de créer le dialogue avec des gestes simples comme « peur », « besoin d’aide », « manger », « lait » ou « encore ».
- L’art-thérapie
Pour aider l’enfant à exprimer ses émotions, vous pouvez lui suggérer de le faire à travers le dessin, la peinture, la pâte à modeler ou encore la musique. C’est un moyen d’expression qui invite à l’introspection, lui permet d’évacuer ce qu’il a en lui tout et développe sa confiance en lui et son estime de soi.
- La psychomotricité
En psychomotricité, l’être humain est considéré comme inscrit dans un processus dynamique – pour l’enfant, il s’agit de son développement. Les émotions sont des parties intégrantes de cette dynamique. Cette pratique peut donc aider énormément les enfants à gérer leurs émotions, et notamment la colère avec une approche corporelle.
- Le journal émotionnel
Dès que l’enfant est en âge d’écrire, vous pouvez lui proposer de lui acheter un petit carnet dans lequel il pourra raconter sa journée, les événements marquants qu’il a vécus, ses victoires, ses joies et ses peines. Rassurez-le sur le fait qu’il est libre de garder le contenu pour lui ou de la partager s’il en a envie.
- Le sport
Toute pratique sportive fait vivre des émotions très fortes aux enfants. Ils peuvent les partager avec d’autres personnes – leur équipe, leur entraîneur ou leurs proches. Certains sports peuvent aussi être un bon moyen d’apprendre à canaliser sa colère comme le judo, le Jujitsu…
- Le théâtre
Le théâtre encourage les enfants à explorer et utiliser les émotions à travers les personnages qu’ils vont jouer. Par ailleurs, cette activité stimule l’imagination et renforce l’estime de soi.
- L’appel à un ami
Lorsque votre enfant vit une grande joie (une bonne note, une fête d’anniversaire à laquelle il s’est amusé, la victoire de son équipe de sport préférée…), invitez-le à appeler un proche pour lui raconter. Les émotions positives sont souvent négligées. Or, il est essentiel que la joie soit gardée en mémoire pour pouvoir être répétée ensuite !
Répondre à ses besoins
- La méditation
Méditer est un moyen pour les enfants de se centrer sur eux. Ils peuvent ainsi observer leurs pensées, leurs sensations et leurs émotions afin d’en prendre conscience. Cela leur permet de ne pas se sentir débordés par leurs émotions, d’augmenter leur sentiment de bien-être et de diminuer leur stress (à l’approche du coucher par exemple).
- La sophrologie
L’idée de la sophrologie est de mieux vivre ses émotions à travers son corps. Il peut s’agir d’exercice de respiration, de visualisation mentale ou de détente musculaire. C’est une méthode ludique et imagée particulièrement intéressante à pratiquer lorsque l’enfant est en colère ou a peur de s’endormir.
- Le coffre à réconfort
Dans le cadre de mes séances de coaching, je recommande souvent aux parents de créer un coffre à réconfort avec leurs enfants. L’idée est de rassembler toutes les choses qui sont susceptibles de l’aider à traverser un moment de tristesse ou de peur (photos, dessins, souvenirs de vacances, peluche, musique, veilleuse…).
5. Et vous dans tout cela ?
Si vous avez lu cet article jusqu’ici, c’est probablement parce que vous vous interrogez sur la meilleure manière d’accompagner les enfants de votre entourage à gérer leurs émotions.
Je tiens à vous rassurer (et vous décomplexer !) : c’est tout à fait normal de se sentir parfois dépassé et de trouver cela difficile. L’apprentissage de la gestion émotionnelle requiert de l’accompagnement, de l’énergie, du temps, de la patience, de la pédagogie, de la créativité… et j’en passe ! Et c’est parfois compliqué de trouver des ressources lorsque nous sommes nous-mêmes fatigué(e)s.
Pour que cela fonctionne, il est primordial de prendre soin de soi et de ses propres émotions avant de pouvoir accompagner au mieux son enfant dans ce processus. Mais comment me direz-vous ?
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En faisant vous-même régulièrement le point sur votre vase émotionnel :
Est-il à la limite du débordement ou ai-je encore de la marge pour absorber des émotions désagréables sans risque qu’il déborde ?
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En ayant des relais réguliers (lorsque c’est possible) :
Pour respirer et prendre soin de soi. Plus vous serez disponible pour vous-même, plus vous serez disponible également pour votre enfant !
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En appliquant les conseils que vous donnez à vous-même :
Vous l’avez peut-être remarqué, les enfants ne manquent pas de pointer nos incohérences : « Tu dis qu’il ne faut pas passer des heures sur son portable, mais toi tu le fais tout le temps ! » Aïe, aïe, aïe… Pris la main dans le sac ! C’est exactement pareil pour la gestion des émotions : en verbalisant vos propres émotions, vous aidez l’Autre à comprendre ce que vous vivez et vous complétez les paroles par des actes.
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En remettant en question l’éducation que vous avez reçue :
Qu’ai-je envie d’inculquer à mon enfant ? Pourquoi est-ce si important pour moi ? Par quoi cela va-t-il passer ? Ai-je subi des injonctions, des comportements éducatifs douloureux durant l’enfance ? Comment puis-je faire différemment ? Comment mes parents (ou figures parentales) réagissaient lorsque j’exprimais mes émotions ? …
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Si nous sommes parfois dépassés par les émotions des enfants, il faut bien garder en tête qu’elles ne sont ni bonnes ni mauvaises : les émotions sont uniquement des informations transmises par le cerveau pour assurer notre bien-être.
Comme tout apprentissage, la gestion des émotions requiert un accompagnement conscient et bienveillant pour aider les enfants à identifier leurs émotions, les nommer et vivre avec elles sans avoir à les éviter. En les aidant à accueillir leurs émotions, vous les aidez à être en confiance pour aborder sereinement toutes les situations qu’ils rencontrent durant l’enfance et qu’ils rencontreront une fois adulte !