Peut-on contrôler ses émotions ? 

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Au programme de cet article :

1. Le rôle des émotions

2. Pourquoi vouloir contrôler ses émotions ? 

Nous venons de le décrire : les émotions sont utiles à notre vie quotidienne. Nous pouvons même dire qu’elles sont ancrées en nous, de manière neurologique. Alors, qu’est-ce qui nous pousse à vouloir étouffer certaines d’entre elles ? Vous êtes-vous déjà posé la question ? 

  • Est-ce que vous appréhendez de ressentir de la peine, de la douleur ? 
  • Redoutez-vous d’avoir une réaction inadaptée ? 
  • Vous souvenez-vous comment vos parents (ou autres figures parentales) réagissaient lorsque, enfant, vous étiez triste, apeuré(e) ou en colère ?
  • Avez-vous le sentiment que la tristesse est un signe de faiblesse ? 
  • Pensez-vous que la colère est révélatrice d’un comportement inacceptable ? 
  • Avez-vous eu l’occasion de voir vos parents exprimer toutes leurs émotions (joie, peur, tristesse, colère) ? Quel souvenir en avez-vous ?

À travers ces multiples questionnements, nous constatons que les émotions ne sont pas le problème en soi. Mais bien le rapport que nous entretenons avec elles. Ne soyez pas trop dur avec vous-même, car certains des réflexes que nous adoptons nous viennent directement de notre éducation. Qui n’a jamais entendu « Ne pleure pas, sois un grand garçon » ? Ou encore « Ne te mets pas en colère, c’est mal ! » ? Il n’est donc pas anormal d’avoir une relation complexe avec nos émotions. 

Par ailleurs, nous sommes nombreux à craindre les réactions inappropriées ou les comportements incontrôlables que l’on peut avoir. 

Un jour, au cours d’une séance, l’une de mes coachés – Anne-Sophie – me disait qu’elle ne voulait pas être en colère, « car crier sur quelqu’un ou casser des choses, ce n’est pas possible ». Ici, ce qu’il se passe, c’est qu’Anne-Sophie confond l’émotion et la réaction émotionnelle. Sa colère était tout à fait légitime. Sa réaction émotionnelle – dit autrement le comportement qui en découlait – était elle effectivement inadaptée. La violence, dans un cas de la colère, n’a jamais de place sauf s’il s’agit de se battre pour sa survie.

Comme Anne-Sophie, nous aimerions donc bien nous passer des plus désagréables, pour n’avoir accès qu’aux émotions douces comme la joie. 

Pourtant, si l’envie vous prenait de vouloir « désactiver » ces émotions perçues comme négatives, vous seriez un danger pour vous mais aussi, pour les autres.

En effet, si vous n’étiez plus capable de ressentir de la peur, vous ne pourriez plus comprendre que vous êtes face à un danger imminent, comme lorsque vous traversez la route par exemple. Ainsi, vous mettriez votre vie en péril. 

Prenons un autre cas. Si vous ne ressentiez plus de tristesse, vous ne seriez alors plus en mesure de percevoir la tristesse de l’Autre. Et cela aurait pour effet de désactiver complètement votre empathie. En ne prenant plus en considération les émotions des Autres, vous ne pourriez plus vivre avec autrui, voire vous pourriez leur faire du mal. 

Au-delà de cela, il n’est malheureusement pas possible de désactiver certaines émotions et d’en laisser actives d’autres. Si vous voulez avoir accès à la joie, vous êtes donc obligés de vous confronter aux autres émotions. Il faut prendre la pièce dans son intégralité : face, les émotions désagréables et pile, les émotions agréables. 

Et rassurez-vous, plus vous apprenez à décrypter votre tableau de bord émotionnel, moins vos émotions seront douloureuses à ressentir car vous saurez exactement comment les gérer quand elles se présenteront à vous. 

On ne peut mettre le vent en cage.

Spinoza

3. La maîtrise, plutôt que le contrôle

Vous commencez à me connaître, j’apprécie les définitions. Alors, forcément, lorsque l’on parle du contrôle de ses émotions, je suis tentée d’aller voir comment le Larousse définit le verbe « contrôler ». 

Dans un premier temps, le dictionnaire évoque l’action de « contrôler quelque chose, quelqu’un, de vérifier leur état ou leur situation au regard d’une norme ». Puis, dans un second temps, vient le fait de « contrôler quelque chose, un groupe, d’avoir le pouvoir de les diriger »

Parmi les synonymes proposés, il y a le verbe « maîtriser » qui fait écho à un adage que j’aime particulièrement – « Le con contrôle, le maître maîtrise ». Ici, le Larousse indique d’abord un comportement, celui de « se rendre maître, dominer ». Ensuite, il induit une subtilité vis-à-vis du contrôle, à travers une capacité, celle de « pouvoir user de son gré d’un savoir, d’une technique, d’une force »

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En rapprochant ces définitions de notre sujet – la gestion des émotions –, nous constatons que le contrôle est peine perdue ! Il renvoie à une notion de rigidité, de blocage. En effet, nous l’avons vu, l’émotion nous vient d’un stimulus extérieur qu’il est parfois impossible à contrôler. Si vous cherchez à prendre le contrôle sur quelque chose d’incontrôlable, vous risquez de vous sentir impuissant(e), voire de développer un sentiment d’angoisse. 

Au contraire, la maîtrise invoque l’idée de souplesse, d’agilité. À l’instar du maître en art martial qui s’adapte à son adversaire, quel qu’il soit, en trouvant une réponse adaptée pour le vaincre. 

La maîtrise semble être bien plus propice que le contrôle. Vous ne trouvez pas ? 

Pour aller plus loin dans ce raisonnement, laissez-moi faire un parallèle avec l’apprentissage de la conduite. 

Quand nous apprenons à conduire, nous ne sommes pas « formés » à contrôler la route. Pour la simple et bonne raison que ce n’est pas possible. En effet, au cours de notre vie, nous serons nécessairement amenés à emprunter de nouveaux itinéraires, que nous ne connaîtrons pas. Quand bien même nous ferions le choix de rouler uniquement sur des routes connues, nous ne pourrions pas anticiper un animal qui traverse ou une zone de travaux par exemple. 

Ainsi, l’apprentissage de la conduite nous permet avant tout de maîtriser notre véhicule, pour que nous soyons en mesure de faire face à ces situations inédites qui nécessitent un freinage à la dernière minute ou un virage (très) serré. 

Eh bien, avec les émotions, c’est la même chose ! Ce qui compte, ce n’est pas de contrôler la route — les événements qui vont survenir  — mais de maîtriser son véhicule — nos émotions — pour avoir suffisamment confiance en soi pour prendre la route, sans se mettre en danger. 

Pour atteindre un niveau de bonne maîtrise de son véhicule, il n’y a pas de secret : il faut conduire, conduire… et encore conduire ! L’expérimentation prend du temps, et c’est normal. Petit à petit, vous serez de plus en plus confiant pour prendre la route et vous aventurer. Quitte à rencontrer quelques obstacles en chemin ! 

Finalement, tout l’enjeu des émotions n’est pas tellement dans ce qu’elles sont, mais dans votre rapport à elles ; c’est-à-dire dans la façon dont vous allez y faire face – la conduite que vous allez adopter pour avancer avec elles pour aller plus loin. 

4. Les 4 étapes de la gestion des émotions 

Maintenant que je vous ai convaincu – enfin, je l’espère ! – des bienfaits de la gestion de vos émotions, je ne compte pas vous laisser là. Particulièrement si tout cela est assez nouveau pour vous. 

Lorsque j’accompagne mes coachés, je leur propose de travailler sur différentes étapes pour apprendre à surfer leurs vagues émotionnelles. Voici mes conseils pour les aborder en mettant de côté tout sentiment de frustration ou de culpabilité. 

1. Identifier son émotion

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Son utilisation est assez simple : partez de l’extérieur de la roue et repérez l’adjectif qui correspond le mieux à la situation dans laquelle vous vous trouvez. Puis, avancez vers le centre pour identifier l’émotion primaire associée. 

2. Répondre au besoin 

Nous l’évoquions au début de cet article, les émotions sont un signal d’alarme qui nous indique que l’un de nos besoins vient d’être remis en question. Dans l’immédiat, il est donc essentiel de se mettre en ordre de marche pour satisfaire ce besoin. 

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Il faut savoir que nous avons toutes et tous les mêmes besoins. Ils sont universels et existent à tout âge. À vous de trouver la manière dont vous allez satisfaire ces besoins ! 

Pour comprendre comment, je vous invite à explorer vos 5 sens. Quelle odeur vous réconforte ? Quelle musique aimez-vous écouter lorsque vous vous sentez triste ? Quelle saveur vous donne du baume au cœur ? 

Nous l’avons évoqué plus haut, les émotions sont une réaction de notre cerveau, et donc plus globalement de notre corps. Adopter une réponse corporelle, sensorielle sera très efficace pour satisfaire votre besoin dans un premier temps. Certaines personnes trouveront du réconfort en étant entouré, d’autres en prenant une douche bien chaude par exemple. 

À ce stade, votre cerveau doit sentir que vous avez entendu le message pour pouvoir faire redescendre la charge émotionnelle. 

3. Comprendre l’origine de l’émotion 

Une fois que l’émotion est redescendue, il va falloir décortiquer ce qu’il s’est passé en amont de votre émotion en vous posant les bonnes questions : 

À quel moment s’est-elle déclenchée ? Et surtout, quelle histoire je me suis racontée ? 

Ici, l’idée est d’abord de repérer le stimulus qui a provoqué cette émotion. Puis, il est important de comprendre si ce que vous avez compris s’est réellement passé ou si votre perception vous a joué des tours. 

Si vous le souhaitez, vous pouvez prendre l’habitude de consigner ces stimuli dans un cahier ou une note de votre téléphone. Cela vous permettra d’en prendre conscience petit à petit, de repérer une éventuelle récurrence, afin de travailler sur ces déclencheurs pour mieux les appréhender ensuite. Parfois, on parle de « situation gâchette » – ce terme vous semblera peut-être plus familier ! 

4. Verbaliser son émotion

Une fois que vos pensées sont plus claires de votre côté, vous allez pouvoir faire exister cette émotion auprès de l’Autre. Cette étape semble arriver en bout de course. Et c’est normal ! Verbaliser une émotion ne se fait jamais dans l’urgence. Si vous réagissez « sous le coup de l’émotion », vous pourriez ne pas trouver les bons mots pour en parler, voire ne pas avoir identifié la bonne émotion.  

Pour apprivoiser la CNV, vous pouvez commencer par vous exercer à l’écrit dans un premier temps. Cela vous aidera à prendre du recul sur la situation et à vous sentir plus à l’aise au moment de verbaliser votre émotion auprès de l’Autre. Au fur et à mesure, vous prendrez l’habitude et la formulation de vos pensées deviendra plus spontanée. 

5. L’Intelligence émotionnelle, la clé de la gestion des émotions

Évaluée par le Quotient émotionnel (QE), l’Intelligence émotionnelle se concrétise à travers un ensemble de 15 compétences, réparties en 5 grands piliers : 

Roue de l'Intelligence émotionnelle
  • La perception de soi
  • L’expression individuelle
  • Les relations humaines
  • La prise de décision
  • La gestion du stress

Bonne nouvelle ! Les scientifiques sont unanimes pour reconnaître que le QE peut se développer tout au long de sa vie. Pour ce faire, la première étape réside dans l’état des lieux de vos forces – vous en avez nécessairement – et de vos axes de développement. Vous pourrez ainsi concentrer votre attention sur les compétences de l’IE qui ne semblent pas être à priori naturelles chez vous. 

6. Quel(le) spécialiste pour apprendre à gérer ses émotions ? 

En France, nous sommes très peu sensibilisés à la gestion des émotions. Pourtant, elle se révèle être un élément central pour avancer sereinement dans votre vie quotidienne. À titre personnel, je suis convaincue que savoir gérer ses émotions est le ​​seul chemin vers le bien-être. 

Enfin, si vous êtes plus avancé dans votre compréhension de vos émotions, sachez qu’il existe plusieurs méthodologies adaptées selon les situations de chacun : 

  • vous avez identifié un objectif à atteindre, le coaching vous permettra d’être bien accompagné pour l’atteindre ; 

  • votre rapport à vos émotions est la conséquence d’un traumatisme, l’EMDR peut vous aider à avancer sereinement ; 

  • vous constatez que votre éducation a inhibé vos émotions ou que vous reproduisez inconsciemment le même schéma, tournez-vous vers la psychothérapie ou la psychanalyse

  • dans tous les cas, la méditation est toujours adaptée pour apprendre à ne pas être débordé par les pensées à l’origine de vos émotions.