Portrait d’une reconversion professionnelle

Charlotte Gille, fondatrice d’Happy Pog

J’ai eu le plaisir d’accompagner Charlotte, fondatrice d’Happy Pog, dans son projet de reconversion professionnelle… il y a déjà huit ans !

Ce coaching a une valeur toute particulière à mes yeux : c’était mon tout premier accompagnement en tant que coach. Nos parcours de reconversion professionnelle se sont croisés à un moment charnière, et voir son évolution a été l’une des premières confirmations que j’étais à ma place dans ce métier.

Aujourd’hui, Charlotte partage son expérience, ses doutes et ses réussites dans une interview exclusive. Un témoignage inspirant pour tous ceux qui s’interrogent sur leur avenir professionnel.

1. Présentation et Contexte

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Charlotte, j’ai 36 ans. J’habite à Paris depuis la fin de mes études. Je suis mariée, j’ai un petit garçon de 3 ans et j’attends un deuxième enfant. J’ai une petite agence d’architecture d’intérieur depuis presque 7 ans après une reconversion professionnelle.

Avant de te lancer dans cette reconversion, quel était ton parcours professionnel ?

Après le bac, j’ai fait une école de commerce, l’ESSCA, à Angers. C’est une école en 5 ans, j’avais choisi l’option « marketing produit ». Tout au long de mon école, j’ai fait différents stages, en évènementiel à l’INSEAD, en commercialisation chez Coca-Cola, en vente chez Lancel puis deux stages longs en marketing produit chez Coty et chez Clarins.

A la fin de mon stage de fin d’étude en marketing produit développement maquillage chez Clarins, on m’a proposé un CDD d’un an pour remplacer un congé maternité. Suite à cela, j’ai été embauché chez Coty en marketing opérationnel pour lancer la marque de maquillage Calvin Klein sur le marché français. Après 3 ans chez Coty, j’avais envie de retrouver du marketing développement, je suis alors repartie chez Clarins, sur l’axe soin, pour 3 ans également avant de donner ma démission.

À quel moment as-tu commencé à ressentir le besoin de changer de voie ?

J’ai eu envie de faire de la décoration d’intérieur, de l’architecture d’intérieur dès le lycée, mais à l’époque (il y a 20 ans 😱) , ce n’était pas aussi démocratisé qu’aujourd’hui, il n’y avait pas vraiment d’école spécialisée dans ce domaine. Il y avait bien sûr des écoles d’architecture, mais ce n’est pas ce qui m’intéressait. Alors, j’ai choisi la voie assez « classique » de l’école de commerce, tout en me disant qu’à 40 ans, je changerai de vie pour faire de l’architecte d’intérieur. Finalement, ça m’a toujours trotté dans la tête et je n’ai pas attendu mes 40 ans pour sauter le pas ! Au bout de 3 ans sur le même poste, je me suis dit que soit je changeais de poste ou d’entreprise, soit je changeais carrément de vie.

2. Le Déclencheur et La Décision

Quel a été l’élément déclencheur qui t’a poussée à envisager une reconversion ?

Je ne sais pas s’il y a réellement eu un élément déclencheur ou ce n’est pas plutôt la somme de différents éléments qui m’ont poussée à envisager une reconversion : j’ai perdu mon Papa, ça faisait 3 ans que j’étais sur le même poste, … Et puis toujours cette envie au fond de ma tête, et le fait qu’à l’époque je n’étais pas mariée et je n’avais pas d’enfant donc personne ne dépendait de moi, si je me « plantais », je me « plantais » seule.

Quelles étaient tes plus grandes peurs ou hésitations avant de sauter le pas ?

Ce qui m’angoissait le plus était la question financière et ce que je ferais si ça ne fonctionnait pas. Je n’aime pas l’imprévisible, j’aime être dans le contrôle. Sauf que démissionner, faire une formation dans un tout nouveau domaine et monter son agence, c’est apprendre à lâcher prise et apprendre à gérer l’imprévisible !

Comment as-tu surmonté ces doutes ?

En discutant beaucoup avec ma Maman, mes amis, à faire des plans de « et si » et bien sûr grâce à mon coaching avec Chloé !

Pour la question financière, j’ai fait un CDD de quelques mois pendant que je terminais ma première formation (qui était à distance) ce qui m’a ensuite permis d’avoir le chômage. Une sacrée chance et quelque chose qui me rassurait beaucoup pour mes deux premières années d’activités.

Et pour la question de l’après, si ça ne fonctionnait pas, un ami m’a dit un jour « rien n’est irréversible, au pire tu repars dans ton ancienne vie ». C’est tout bête, mais quand on est bloqué sur un sujet, on ne voit pas forcément les solutions les plus simples.

3. L’Accompagnement et Le Processus de Transition

Qu’est-ce qui t’a aidée à clarifier ton projet et à avancer ?

Discuter, échanger avec Chloé. J’avais des blocages, et j’avais besoin qu’elle m’aide à y voir plus clair dans tous mes doutes, qu’elle m’aide à réfléchir à comment trouver des réponses. Je ne voyais pas trop comment j’allais y parvenir, et toute seule j’aurais pu y réfléchir encore longtemps !

Quels ont été les moments les plus difficiles et comment les as-tu surmontés ?

Le moment le plus compliqué été de trouver le « quand », quand donner ma démission et quand me lancer dans cette nouvelle vie ! J’avais entamé ma formation à distance alors que j’étais encore en poste et cette formation pouvait être faite en 3 ans maximum, mais en moins de temps si on le souhaitait, donc ça ne me mettait pas de vraie deadline. La réponse est arrivée un peu par hasard quand j’ai vu une offre de CDD qui me plaisait et que j’ai été prise. C’est la date à laquelle on avait besoin de moi qui a été le petit déclencheur pour surmonter cette question du quand et qui m’a aidé à me dire que c’était maintenant le moment !

En quoi l’accompagnement que nous avons fait ensemble t’a aidée dans ce processus ?

Je n’aurais pas pu gagner en confiance toute seule aussi rapidement. Chloé me posait les bonnes questions, les questions que je ne me posais pas (ou que je ne voulais pas me poser) et m’amenait à réfléchir sur tous les sujets, mêmes ceux qui pouvaient m’angoisser. Dans la vie de tous les jours, on ne prend jamais (ou pas souvent) le temps de se poser et de réfléchir réellement à ce que l’on souhaite faire, où on veut aller, ce qui nous tient à cœur, ce qui est important pour nous, pour nous épanouir. Là, le fait d’avoir un accompagnement, des « deadlines », des échanges, que Chloé me posait des questions, qu’elle me « poussait » un peu (toujours avec beaucoup de bienveillance !), ça me forçait à me poser et à réfléchir.

4. La Nouvelle Vie Professionnelle

Comment te sens-tu aujourd’hui dans ta nouvelle activité ?

Très bien, à ma place ! Je n’ai jamais regretté mon choix. C’est un métier passion, j’aime ce que je fais, j’aime voir mes projets devenir réels. J’aime me dire que je suis maître de moi-même, que je peux faire évoluer ma société si j’en ai envie (et ça va bientôt être le cas !). J’aime aussi le fait que me lancer m’ait fait grandir, m’ait fait apprivoiser certains stress. Je n’ai pas de salaire fixe, c’est toujours en fonction du nombre de projets et de l’avancée des projets, mais j’ai appris à gérer cela et à bien le vivre. Mais c’est aussi parce que ma petite agence fonctionne bien et que mon planning est complet plusieurs semaines à l’avance et qu’il m’arrive régulièrement de refuser des projets. Il y a toujours une grande part d’imprévisibilité mais pareil, j’ai appris à vivre avec, à lâcher prise (la plupart du temps !)

Quelles sont les plus grandes satisfactions et libertés que cette reconversion t’a apportées ?

Gérer mon temps comme je l’entends, aller chercher mon fils à la sortie de l’école de façon spontanée si mon planning me le permet (même si je ne le fais pas assez), refuser des clients si je ne le sens pas (le feeling est très important pour moi surtout qu’un projet dure minimum 4-6 mois entre la période de conception et l’accompagnement au suivi de chantier), tout simplement avoir des clients, ce qui veut dire que mon travail plaît, me dire que ça va faire 7 ans que je ne dépends que de moi pour gagner de l’argent.

Y a-t-il des aspects inattendus ou des défis auxquels tu as dû faire face ?

Bien sûr, et ce presque tous les jours ! Ce n’est pas facile d’être à son compte, de devoir gérer tous les aspects d’une entreprise, même petite. Je suis architecte d’intérieur, certes, mais je suis aussi entrepreneur. Il faut gérer la comptabilité, la légalité, la paperasse, la communication, les réseaux sociaux, les RP, … Si j’ai un problème, je suis seule pour le gérer, donc forcément ça prend de la place dans mon cerveau, je peux avoir du mal à « couper » la partie pro de mon cerveau le soir et en week-end. Même si bien sûr je suis très bien entourée à la fois par les free-lances avec lesquels je travaille mais aussi et surtout par mon mari, ma famille et mes amis.

5. Conseils et Inspiration

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui hésite encore à changer de voie ?

Foncez !! Rien n’est irréversible.

Avec le recul, y a-t-il quelque chose que tu aurais fait différemment ?

En y réfléchissant, je me dis que j’aurais du faire un stage dans une agence d’architecture d’intérieur avant de me lancer. Ca m’aurait permis de gagner en efficacité plus rapidement en mettant en place les « good practices ».

Y a-t-il une phrase ou une citation qui t’a particulièrement inspirée dans ton parcours ?

Ma mère adore une citation de René Char qu’elle a partagée avec moi au moment où j’ai décidé de changer de vie.

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. René Char

Retrouvez Charlotte sur Instagram : charlotte_gille

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