comment gérer ses émotions ?

1. Comment apprend-on à gérer ses émotions ?

Tout d’abord je tiens à préciser que, même si parfois elles nous dérangent, les émotions ont toutes une fonction. Elles sont utiles. C’est un message que le cerveau envoie à notre corps pour se mettre en action face à un stimuli extérieur. Comme son nom l’indique, “motion”,  emprunté au latin “motio”, signifie “mouvement” lorsque “e” veut dire “qui vient de l’extérieur”. Par conséquent, quand on parle de maîtriser/gérer ses émotions, il ne s’agit absolument pas de les étouffer, mais au contraire, de les utiliser de façon efficace, tant pour sa performance professionnelle que pour son bien-être en général. L’Intelligence émotionnelle se définit comme la capacité à savoir reconnaître, accepter et utiliser efficacement et de façon appropriée nos émotions, et, summum de l’accomplissement, celles des autres ! La bonne nouvelle est que l’Intelligence émotionnelle peut se développer tout au long de la vie afin de pouvoir vivre pleinement ses émotions dans ce qu’elles ont de meilleur à nous donner. La colère est typiquement une énergie formidable. Elle peut nous permettre de déplacer des montagnes. Reste à apprendre comment l’utiliser au bon endroit.

Selon moi pour apprendre à gérer ses émotions, tout commence par la prise de conscience et la compréhension de ses mécanismes émotionnels,  notamment ceux qui peuvent poser problème dans le quotidien. Cette étape représente 80 % du chemin. Reste ensuite à savoir les maîtriser.

2. Comment prend-on conscience des mécanismes émotionnels en jeu ?

En coaching, je travaille avec un outil scientifique qui s’appelle l’EQ-i. Il  permet de mesurer le quotient émotionnel de chaque individu. Au même titre que l’on peut évaluer le QI (Quotient Intellectuel) on peut aussi évaluer le QE (Quotient Émotionnel).

Cet outil a été développé dans les années 80 par le Docteur Reuven Bar-On, un chercheur et psychologue américain. Il permet d’avoir une vision claire et précise du profil émotionnel de chacun selon les 15 compétences développées par le Maître à penser de l’Intelligence émotionnelle : Daniel Goleman. Cela va de l’amour-propre à l’empathie, en passant par la tolérance au stress, le contrôle des impulsions et l’affirmation de soi.

Roue de l'Intelligence émotionnelle

L’évaluation en ligne  dure une vingtaine de minutes. Elle donne au coaché une vision claire de ses forces émotionnelles et de ses axes de développement, car chaque dimension est évaluée sur une échelle qui va de 55 à 145.

Vient ensuite l’étape la plus fructueuse : le debriefing. Le coaché va pouvoir confronter ses résultats à ce qui se passe dans sa vie quotidienne, principalement dans les moments qui lui pose un problème. Le coach sera en mesure de traduire concrètement ce qui se joue dans le mécanisme émotionnel en place, et travailler avec le coaché sur la mobilisation de ses forces au service de son axe de développement.

Pouvez-vous nous donner un cas concret ?

Prenons le cas d’un coaché qui souffre au travail des fréquentes sautes d’humeur d’un manager. La personne décrit la situation de la façon suivante: “Mon manager arrive en réunion d’un pas lourd, claque la porte, et immédiatement, même si je suis arrivée de très bonne humeur, je vais me sentir d’un seul coup détruite par la tension qui vient d’être mise et au fond du trou lorsqu’il commence à me dire que le dossier que j’ai rendu la veille ne va absolument pas ; ce genre de situation déclenche immanquablement chez moi une pensée négative de type : je suis nulle, je n’y arriverai jamais. »

Ici quatre compétences émotionnelles sont particulièrement mises à l’épreuve :

  1. L’indépendance émotionnelle : cette capacité à ne pas modifier son état émotionnel en fonction de l’état émotionnel des autres. “Certes il est en colère, manifestement il s’en prend à tout et n’importe quoi, donc je ne pense pas que ce soit lié à une erreur de ma part, personnellement j’ai bien dormi, je suis en forme et j’ai décidé de passer une bonne journée, donc je maintiens”.
  2. L’empathie : se mettre à la place de l’autre. “D’après ce que j’ai compris, pour lui c’est compliqué en ce moment, la direction lui met beaucoup de pression”.  
  3. L’amour-propre :Est-il en train de remettre en question mes performances ? Est-ce que je suis nulle ?”  Ces questions remuent la confiance en soi, et aussi cette capacité que nous pouvons développer à nous aimer, nous accepter tant dans ce que nous avons de meilleur que dans nos difficultés ; et cela sainement, sans jugement.
  4. Et, le contrôle des impulsions : « Quand je me sens agressée, la seule chose dont j’ai envie c’est d’agresser l’autre à mon tour« . En ayant un contrôle des impulsions développé, on peut éviter les réactions impulsives que l’on regrette souvent.

Une fois que l’on aura identifié ce qui est spécifiquement « secoué » dans cette situation, on pourra trouver ensemble des actions concrètes à mettre en place pour mieux gérer ce type de situation à l’avenir.

3. Une fois les mécanismes identifiés, comment fait-on pour les changer ?

En préambule, rappelons que pour pouvoir mettre en place un changement, il faut en avoir envie. Nous ne sommes pas des êtres parfaits. Des éléments à améliorer, nous en avons tous. D’ailleurs certains mécanismes émotionnels ont été mis en place pour permettre de se protéger. Ils ne sont donc pas tous destinés à être modifiés.

Ce que j’aime en coaching, grâce à l’Intelligence émotionnelle, c’est que l’on se focalise non plus sur ce que l’on estime être discordant mais sur nos forces, c’est-à-dire tout ce que l’on a particulièrement développé, expérimenté dans notre vie, et que nous maîtrisons. L’idée n’est pas de se dire : “Ah ! Tu as un optimisme bas, c’est dommage, ce serait bien que tu le développes, dans ta vie ça t’aiderait, donc vas-y, sois plus positive et confiante”. Une fois qu’on a dit ça, on se serre la main et on rentre chez soi mais, concrètement, on ne sait pas quoi en faire.

Des forces nous en possédons tous, mais les identifier, se les approprier et surtout les mobiliser consciemment en cas de nécessité, c’est plus compliqué. Concrètement dans l’IE toutes les compétences sont liées entre elles. Nous pouvons donc mobiliser ces forces au service de nos axes de développement. C’est une question d’équilibre à travailler et le point de départ est bien un déséquilibre. On utilise les contrepoids en permanence.

Voir un exemple de rapport eq-i

4. Pourquoi ne parlez vous pas de « faiblesses » mais « d’axes de développement » ?

Effectivement je trouve que le mot “faiblesse” est un non sens. “Faiblesse” signifie un manque de force et de vigueur physique. Comme point de départ pour amorcer un changement en profondeur, je trouve ça très limitant.

Il n’y a donc pas de faiblesse à proprement parler. Non seulement nous ne sommes pas parfaits, mais je ne pense pas que nous soyons amenés à le devenir. Nous sommes le fruit d’une construction qui dépend de notre histoire et de nos expériences. En résumé, on est ce qu’on est, tout simplement.

En revanche, si nous le souhaitons, nous pouvons travailler sur des éléments qui nous posent un problème, et nous développer personnellement. Et je ne sais pas ce que vous en pensez mais se focaliser sur ce que l’on sait faire c’est quand même plus agréable, non ? Pour avancer il est toujours plus facile et sécurisant de prendre appui sur sa jambe solide et ancrée que sur sa jambe de bois. C’est bien plus porteur, plus motivant, ça donne de la force pour avancer.

5. Existe-t-il un lien entre le QI (quotient intellectuel) et le QE (quotient émotionnel) ?

Nous avons tendance à penser “l’Intelligence” uniquement dans son aspect cognitif c’est-à-dire notre capacité à réfléchir et à analyser. Or l’intelligence est protéiforme (cognitive, sensorielle, émotionnelle, relationnelle, etc.) et donc bien plus complexe et riche que cette seule définition. Plus spécifiquement, le QI mesure l’intelligence cognitive et le QE l’intelligence émotionnelle.  

Il est assez fréquent qu’une personne présentant un QI élevé dispose d’un QE bas, cela  pour deux raisons :

  • La première est que lorsque l’on a un QI élevé cela signifie que l’on a une capacité d’analyse et de réflexion très importante. Par conséquent, le réflexe pour ces personnes est souvent de tout analyser sous le prisme de l’intellect. Or, une émotion est tout sauf rationnelle. C’est notre second cerveau qui nous parle, celui qui est localisé dans le ventre. En se focalisant uniquement sur le premier cerveau, on se prive de la partie “viscérale” de notre être.  
  • La deuxième raison, est que les personnes diagnostiquées Haut Potentiel Intellectuel (surdoué, zèbre ou encore précoce) ont une hypersensibilité. Les scientifiques en donne la définition suivante : “une sensibilité biologique aux stimuli de l’environnement, provisoire ou durable, qui est plus élevée que la moyenne des gens et qui engendre donc une réaction émotive et comportementale plus intense pouvant être perçue comme exagérée ou extrême.” Autrement dit, leurs particularités neurologiques intensifient leurs émotions. Démultipliées, leurs émotions deviennent ainsi encore plus difficiles à gérer. Développer son intelligence émotionnelle est par conséquent encore plus approprié, voire nécessaire, pour les HPIs.

La communauté scientifique débat encore sur le fait que le QI se fige à l’adolescence. En effet, la neuroplasticité prouvée via de récentes études implique que l’homme est capable de produire des neurones tout au long de sa vie. Les scientifiques sont toutefois unanimes pour reconnaître que le QE peut se développer tout au long de la vie. Et développer son intelligence émotionnelle permet de renforcer à la fois son bien-être et ses relations, mais aussi ses performances dans le cadre professionnel.

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